Vers la dissolution de la secte des Frères musulmans ?
La confrontation au pays des Pharaons est arrivée à un point de non-retour après les manifestations de ce vendredi auxquelles le général Al-Sissi avait appelé, pour avoir la caution du peuple afin d’agir contre la violence et le terrorisme, comme il l’avait dit dans son discours à l’Académie militaire du Caire. Seulement, il n’avait pas précisé, ce jour-là, les décisions qu’il souhaitait prendre au nom de l’armée, mais aussi au nom de l’Etat égyptien. S’il est clair que le chef du Commandement des forces armées faisait allusion aux poches terroristes qui sont réactivées depuis l’éviction de Morsi, et qui restent pour l’instant circonscrites dans la région du Sinaï, en multipliant les attaques et les embuscades contre les unités de l’armée et des forces de sécurité en général, Al-Sissi devrait néanmoins traduire cet engagement par des mesures concrètes contre les «fauteurs de troubles» au sein de la confrérie des Frères musulmans qui, depuis le début des événements, ne cessent d’inciter à la violence et refusent toutes les offres de réconciliation. Une première mesure : le ministre de l’Intérieur a promis d’user «de tous les moyens légaux» pour évacuer la place Rabia Al-Adawiya occupée par les pro-Morsi depuis plus de deux semaines. Il est clair que cela ne va pas se faire sans résistance. Encore une fois, le parallèle avec «le scénario algérien» s’impose. La scène rappelle l’intervention de l’armée en Algérie, pour mettre fin à l’occupation illégale et prolongée par le FIS de la place du 1er-Mai à Alger, sept mois avant les élections de décembre 1991. Le parti dissous avait appelé à la désobéissance civile. Aussi, la mise en détention des principaux dirigeants des Frères musulmans, dont le guide suprême Mohamed Badie, le plus radical d’entre tous, et son incorrigible bras droit Al Baltagui, rappelle l’arrestation des deux chef du FIS, Abassi Madani et Ali Benhadj, pour incitation à la violence et atteinte à la sécurité publique. Les mêmes griefs retenus par la justice égyptienne contre les mentors des Frères musulmans. Une mesure qui va indubitablement, à l’image de celle qui a été prise contre le FIS en Algérie, déboucher sur la dissolution de la confrérie. Seul moyen pour permettre de reprendre le processus démocratique interrompu par l’intervention de l’armée et pour éviter un basculement plus massif des partisans des Frères dans la subversion. En tout cas, il n’y a pas d’autre choix que de dissoudre une organisation dont les chefs appellent à prendre les armes.
R. Mahmoudi
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