Syrie : les groupes terroristes s’acharnent contre les hommes de religion
Depuis la diffusion d’une fetwa de Youcef Al-Qardhaoui sur la chaîne Al Jazeera, appelant à «combattre et à tuer tous ceux qui collaborent avec le régime syrien, qu'ils soient civils, militaires ou imams…», les attaques terroristes ciblant les hommes de religion modérés en Syrie se sont intensifiées. Après l’attaque sanglante qui a visé, le 21 mars dernier, Cheikh Saïd Al-Bouti, l’un des plus grands prédicateurs de Syrie et du monde musulman, connu pour son ouverture d’esprit et ses positions hostiles à l’idéologie fanatique du wahhabisme, des salafistes armés s’en sont pris à l’imam de la mosquée Hassan de la ville d’Alep, Cheikh Hassan Seyf Eddine, et l’ont sauvagement assassiné, dans la nuit de vendredi à samedi, puis ont exposé son corps mutilé, d’après des sources concordantes. Dès le début des événements, les milices islamistes se sont attaqués à des hommes de religion jugés «hérétiques» et qualifiés de «relais du régime», et tué notamment le fils du Grand Muphti de la République, Cheikh Hassoun, faute de pouvoir atteindre son père. Le premier attentat terroriste contre un homme de religion en Syrie a eu lieu le 15 février 2012, ciblant l'imam d'une mosquée à Damas, âgé de 37 ans. Son martyre inaugurait une longue liste qui comprend aussi bien des religieux musulmans sunnites et chiites que des chrétiens. Dénominateur commun entre ces religieux : tous ont affiché des positions hostiles à l’insurrection en Syrie, ou au moins ne l’ont pas soutenue. Le premier de ces victimes est père Basilius Nassar, qui était le prêtre de la chapelle Mar Elias dans la localité de Kfar-Baham, proche de la ville de Hama. Le second religieux tué a été un sunnite, Cheikh Mohammad Ahmad Aof Sadek, qui prêchait dans la mosquée Anas Ben-Malek à Damas, et qui a été l’un des premiers prédicateurs à mettre en garde contre la discorde en Syrie et à avoir déclaré haut et fort que les takfiris n’ont pas de place chez les «musulmans du Levant». Il a été abattu le 25 février 2012. Le troisième sur la liste a été le religieux alaouite, imam de la hawzé (école religieuse) alaouite Zaynabiyya à Damas, Cheikh Sayyed Nasser. Il est mort d’une balle en plein visage à proximité de sa maison, dans le quartier du mausolée de Sayeda Zaynab, la petite-fille du prophète Mohamed, le 14 avril 2012. Le quatrième est un religieux chiite syrien, Cheikh Abbas Lahham, tué en mai à la sortie de la mosquée de Rouqayya (fille de l’imam Hussein), où il prêchait d’habitude, après avoir été kidnappé. En juillet 2012, en plein mois de Ramadhan, c’est Cheikh Abdel-Latif Ash-Shami qui a été assassiné d’une façon atroce dans la mosquée Amina Bint Wahab à Alep, en pleine prière, d’un coup de fusil dans l’œil. Un mois plus tard, c’est à Damas qu’a été tué l’imam de la mosquée Al-Nawawi, Cheikh Hassan Bartaoui. En octobre 2012, a été retrouvé à Katana, dans la province de Damas, le cadavre mutilé d’un prêtre de l’église des Grecs orthodoxes, le père Fadi Hadad.
R. Mahmoudi
Comment (7)