Saïd Sadi se dit «prêt à servir» son parti
On attendait une annonce surprise et solennelle, lors de la conférence que Saïd Sadi a animée aujourd’hui samedi à l’université d’été de son parti, à Yakouren, finalement, il n’y a rien eu. Sauf que tout à la fin de son intervention, il a laissé glisser une petite phrase qui peut être interprétée comme dissimulant une volonté de «jouer un rôle» dans un avenir proche, mais qui reste encore à identifier. En s’adressant aux jeunes militants de son parti, il a déclaré : «Pour ma part, et tant qu’il m’en restera, mon énergie vous est acquise et mon expérience, avec ses acquis et ses déconvenues, est à votre service si elle peut vous être utile.» Dans cette première intervention depuis son retrait de la vie politique, en avril 2012, Sadi explique sa décision par «l’absence de conditions pour un débat libre et serein». Il s’en est pris avec la verve qui lui est coutumière à la classe politique algérienne, qu’il accuse de marcher dans la combine du pouvoir en place, en décochant des flèches à l’encontre de ces élites «qui ne parlent pas de choix politiques», et qui s’empressent à afficher leur allégeance aux pontes du système, et notamment à d’anciens chefs de gouvernement. Il se plaint que «rares sont ceux qui disent que la solution au drame national ne viendra pas d’une alternance clanique, mais d’un changement de système». Abordant l’actualité politique nationale, l’ancien leader du RCD s’attaque sans ménagement aux services de renseignement et au chef de l’Etat, en soutenant que le DRS, «en postulant au contrôle du pouvoir par la promotion de responsables corrompus, dociles et corvéables, en privilégiant l’exploitation de la terreur ou l’instrumentalisation des médias, a surdimensionné des processus archaïques. Le chef de l’Etat qui ne renie rien des tentations totalitaires de ses adversaires de l’heure commet, sur un autre registre, certes, une faute de même nature». L’orateur ne se fait pas d’illusion sur les changements annoncés au plus haut niveau de l’Etat, en lançant que «les oppositions entre les deux clans, qui sont réelles, s’agissant du contrôle de la rente, n’ont rien d’antinomiques, car tous ont le même ADN politique : le tropisme vers l’opacité et la tentation de la violence ; physique ou symbolique». Pour lui, «si l’Algérie est aussi facilement captive d’un homme grabataire, c’est que la police politique a bien fait le travail en amont».
R. Mahmoudi
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