Les architectes dénoncent l’anarchie urbaine et accusent…
Les architectes n’en peuvent plus. Se considérant «totalement marginalisés» par les pouvoirs publics, ils vident leur sac dans une lettre ouverte adressée au président Bouteflika. Dans leur lettre de doléances qui porte la signature de l’Ordre des architectes, ils posent le problème de l’urbanisation et de l’aménagement du territoire. Ils parlent de ces gigantesques villes construites à la hâte et qui ne répondent à aucune norme architecturale. Ils soulignent comment l’urgence et l’absence de concertation avec les professionnels ont donné naissance à des villes hideuses, comme celle d’Ali-Mendjeli, devenue tristement célèbre après l’horrible meurtre de deux enfants. Après ce drame, de nombreux spécialistes ont d’ailleurs dénoncé l’anarchie urbanistique qui règne partout en Algérie. Ces architectes disent interpeller le président Bouteflika pour éviter que les projets en construction subissent le même sort. Ils préviennent ainsi le chef de l’Etat que les choses commencent mal avec la mise à l’écart de tous les architectes algériens. «Ceci est un cri de détresse qui vous est adressé pour nous aider à sauver la situation. Nous demandons l’application de la loi et des décisions de justice et réclamons du travail, nous, qui avons toujours fait preuve de sagesse et d’engagement», écrivent-ils, dénonçant les propos du ministre de l’Habitat qui «justifie notre mise à l’écart» par l’existence de divisions au sein de l’Ordre. Ces mêmes architectes regrettent que la réalisation des centaines de milliers des logements inscrits dans le programme présidentiel se fasse sans les architectes. «L’urgence est présentée comme un argument majeur pour justifier le recours aux étrangers», relèvent-ils, rappelant que «le ministre a même déclaré à la presse qu’il était prêt à s’allier avec le diable pour atteindre ses objectifs». Les architectes se disent ainsi «outragés» par cette déclaration qu’ils considèrent comme étant «en totale contradiction avec les valeurs qui leur ont été inculpées». Ils demandent au chef de l’Etat d’intervenir pour réparer cette injustice». Ils insistent sur les normes de construction, affirmant que le logement n’est pas juste un lieu pour dormir. «C’est aussi et surtout une question de société, une identité culturelle et historique.» Selon l’Ordre, il y a 25 000 architectes qui sont actuellement en exercice, répartis entre la fonction publique, l’enseignement et ceux exerçant des fonctions libérales.
Sonia B.
Comment (10)