Ouargla : échauffourées entre manifestants et policiers
Le rassemblement des chômeurs dans la ville de Ouargla, qui dure depuis une semaine, a mal tourné aujourd’hui. Regroupés sur l’artère principale du centre-ville, les chômeurs, venus par centaines réclamer un emploi, ont eu de violents affrontements avec la police anti-émeutes, a-t-on appris de Tahar Belabbès, porte-parole du comité local des chômeurs. Les policiers ont même fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants qui refusaient de dégager les lieux. Les échauffourées ont duré plusieurs heures. Des dizaines de manifestants ont été interpellés par les forces de l’ordre et conduits au commissariat, a précisé M. Belabbès, lui-même arrêté. Selon lui, la procédure est engagée pour que toutes les personnes arrêtées soient présentées demain devant le procureur de la République pour «attroupement illicite, trouble à l’ordre public et destruction de biens publics». Le centre-ville de Ouargla, investi dès la première heure de la matinée par des centaines de protestataires venus réclamer du travail, a été totalement fermé à la circulation en fin d’après-midi, a précisé un habitant contacté par nos soins. Les magasins ont baissé rideau et les riverains se sont retranchés chez eux. En fin d’après-midi, des poches de protestation restent encore dans certains quartiers de la ville, a souligné notre source. Répondant massivement à l’appel du comité local de la Coordination nationale pour la défense des droits des chômeurs, ces protestataires ont voulu attirer l’attention des plus hautes autorités du pays sur leur situation. Diplômés mais sans emploi depuis plusieurs mois, voire plusieurs années pour certains d’entre eux, ces chômeurs ont multiplié les actions de protestation demandant du travail dans le secteur pétrolier de Ouargla. Un secteur qui, dénoncent-ils, «ne profite qu’aux gens venus du nord du pays ou de l’étranger». La ville d’Ouargla a été, à maintes reprises, le théâtre de plusieurs manifestations des chômeurs qui crient à la discrimination et à la marginalisation. Pour faire face à ces tensions récurrentes, le gouvernement s’est engagé, il y a deux ans, à prendre en charge leurs revendications et à favoriser l’embauche des autochtones dans certaines activités liées au domaine pétrolier. Le taux de chômage officiel dans la wilaya d’Ouargla est de 9,4%. Un taux inférieur à la moyenne nationale qui est de 9,96%. Mais, réellement, plus de 40% des jeunes de cette wilaya ne travaillent pas. Les plus chanceux sont embauchés dans des structures administratives locales dans le cadre de l’emploi de jeunes, avec une rémunération inférieure au salaire national minimum garanti (SNMG) fixé à 18 000 DA.
Sonia B.
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