Selon Lamiri : «L’Algérie est face à la décennie de la dernière chance»
L’économiste et expert en management Abdelhak Lamiri fait un constat sévère de la stratégie de développement entreprise par le gouvernement depuis quinze ans et estime que si rien n’est entrepris le pire est à craindre à court terme. Dans un livre intitulé La Décennie de la dernière chance, l’économiste estime que la politique de développement, basée exclusivement sur l’édification d’infrastructures au détriment d’une industrie du savoir, est vouée à l’échec. Pour M. Lamiri, la stratégie visant une croissance à travers des plans de relance et des investissements colossaux n’est pas rentable. Il en veut pour preuve la léthargie actuelle de notre économie et l’échec des politiques sociales visant à accorder plus de logements et à distribuer la rente sans industrie productive. L’expert estime que le pays «a perdu quinze ans et 500 milliards de dollars sans rien obtenir en termes de croissance et d’emplois». M. Lamiri, qui intervenait aujourd'hui au Forum du journal Liberté, a estimé que les décideurs doivent revoir leur stratégie en consacrant plus d’investissements à la formation des élites intellectuelles capables de sortir le pays du sous-développement et d’en faire un pays émergent. «Nous avons un peu de temps et des ressources, et il faut savoir impérativement les utiliser pour éviter un scénario catastrophe au cas d’une chute des prix du pétrole», déclare M. Lamiri ajoutant : «Si on continue avec la même politique et que le marché pétrolier s’effondre, on risque un scénario de la déchéance avec 40% de taux de chômage et une inflation à deux chiffres.» L’expert propose de mettre beaucoup d’argent pour rehausser le niveau de la formation à tous les échelons, en faisant appel, par exemple, à l’expertise étrangère, décentraliser les décisions de développement, débureaucratiser l’administration et créer un pôle d’experts chargé de la planification pour aider le prochain gouvernement à adopter une nouvelle stratégie permettant de relancer la croissance.
Meriem Sassi
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