La LADDH met en garde contre le risque d’une «explosion sociale»
Dans un rapport consacré à la problématique de la cherté de la vie dans notre pays, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) vient de mettre en garde contre le risque d’une «explosion sociale» provoqué par la hausse effrénée des produits alimentaires et émet des recommandations à même, selon elle, de freiner cette descente aux enfers. «Le front social algérien sera davantage agité dans les mois à venir, au point de risquer la rupture. Des prix hors de portée de la bourse de la modeste ménagère et rappellent étrangement une situation de déjà vécue», relève la LADDH. Pour l’organisation présidée par Noureddine Benissad, «ces hausses intempestives (et spéculatives à souhait) mettent à rude épreuve le pouvoir d’achat des couches populaire et moyenne et augurent de lendemains plus qu’incertains». La LADDH estime que «tous les signaux et les indices convergent vers une détérioration du pouvoir d’achat». Ce qui, selon elle, est alarmant, c’est qu’«aucun groupe de produits n’a été épargné par cette flambée de l’indice des prix à l’importation». «Les céréales, les légumes secs, les viandes et les produits laitiers ont connu eux aussi une hausse de prix inexplicable. Le prix des fromages, des yaourts ont connu une augmentation de près de 100% entre 2008 jusqu’à début 2014», relève encore la ligue qui estime que cette hausse des produits alimentaires «renseigne sur le degré de dépendance chronique et récurrente de l’Algérie vis-à-vis de l’extérieur pour satisfaire la demande en besoins alimentaires». La LADDH tente, dans son rapport, une analyse sur les raisons de la montée de l’inflation en Algérie, mettant cette situation sur le compte de l’absence d’une politique économique gouvernementale, la spéculation des denrées alimentaires par le lobby, la présence d’une grande masse d’argent qui circule dans le circuit informel, la faiblesse de la production nationale qui n’est pas à même de concurrencer les produits internationaux et des exportations algériennes hors hydrocarbures ne dépassant pas les 3%. La question des salaires est également inscrite dans le registre des causes de la persistance de l’inflation. «Les salaires laissent en Algérie toujours un goût d’inachevé. Leur revalorisation depuis une année est inscrite, selon le gouvernement, comme une tendance à l’amélioration, alors que les partenaires sociaux (syndicats autonomes) considèrent que ces augmentations ne pèsent rien en termes d’impact sur le pouvoir d’achat des Algériens», constate la LADDH. Celle-ci met en avant aussi certains dossiers qui restent toujours en suspens, à l’instar de la révision de l’article 87 bis du code du travail et des retraites, et du retard dans l’application du rapport de la commission du pacte économique et social. Pour remédier à cet état de fait, la LADDH recommande le transfert «en urgence» d’une partie des réserves de change algériennes placées à l’étranger et de les affecter à des projets d’investissement dans les industries agroalimentaires pour réduire la facture des importations. La ligue propose également la mise en place d’un «mécanisme durable et opérationnel pour maîtriser les prix de produits de large consommation». Elle estime que l'Etat doit continuer à être acteur dans certains secteurs sensibles comme le transport, la santé et l'enseignement et à soutenir les entreprises productrices des produits de large consommation et d'imposer des taxes sur les marchandises importées, afin de préserver l'économie nationale. Elle souhaite, dans cet ordre d’idées, l’éradication de l’informel et le retour à l’utilisation des chèques bancaires et des factures dans les transactions commerciales. La promotion de la production nationale, le ciblage des subventionnements de produits alimentaires, le soutien direct aux prix des produits de large consommation et la baisse de l’impôt sur le revenu global (IRG) comptent parmi les autres solutions proposées par la LADDH pour venir à bout de l’inflation grandissante et qui met en péril la stabilité sociale.
Amine Sadek
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