Pressions sur le Forum des chefs d’entreprises pour soutenir un 4e mandat en faveur de Bouteflika ?
«La présence de tous est indispensable», écrit Hamiani dans une lettre envoyée aux patrons qui doivent décider lundi prochain, lors d’une «assemblée générale extraordinaire», de l’attitude à prendre vis-à-vis du quatrième mandat de Bouteflika. Un exercice périlleux auquel les chefs d’entreprise vont devoir s’adonner en ces temps de tractations occultes en vue du prochain scrutin, alors qu’en tant que syndicat de patrons, ils ne sont pas obligés d’afficher une couleur politique ou à déclarer leur préférence pour tel ou tel candidat. L’ordre du jour axé sur la position par rapport aux élections présidentielles ne laisse pourtant aucun doute. Des pressions sont-elles exercées sur le FCE pour soutenir un quatrième mandat pour Bouteflika ? Tout porte à le croire. La décision qui sera prise ne sera pas cependant sans conséquence sur l’unité de l’organisation, sa cohésion et son avenir. Des sources proches de l’organisation disent que si le FCE appelle à soutenir un quatrième mandat ou à se positionner par rapport à un candidat quelconque, il y aura des démissions en cascade en son sein. Face à ces développements qui rappellent le temps révolu des organisations de masse sommées d’appuyer les positions politiques du parti unique, il y a lieu de s’inquiéter pour l’indépendance des associations professionnelles dont la mission est de favoriser l’emploi, d’accroître les richesses du pays et de baliser son avenir économique. Ainsi, on comprend mieux le coup de gueule de Slim Othmani, PDG de NCIA Rouiba et membre du FCE, lors de sa dernière sortie au forum du journal Liberté. Othmani n’avait pas ménagé le patronat qu’il a accusé «d’avoir peur du système et de vivre dans son ombre». A une question sur l’absence d’un candidat qui représenterait le patronat aux prochaines élections présidentielles, Othmani avait mis de l’avant «la peur» des répercussions négatives que pourrait avoir le soutien à un candidat par rapport à un autre, en cas d’échec du candidat choisi. «Si le candidat perd, vous vous faites taper sur les doigts», avait-il déclaré, ajoutant : «Nous ne sommes pas dans une logique de patronat indépendant libre qui pense à son entreprise sans se préoccuper de ce que pourrait lui faire tel ou tel ministre ou telle ou telle personne au pouvoir, cela n’existe pas.»
Meriem Sassi