Le taux d’intégration du Maghreb est le plus faible au monde
La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a appelé ce mardi les pays du Maghreb à s’investir dans un accord régional sur l'investissement afin de permettre l’accroissement du partenariat et de l’intégration économique régionale. S’adressant dans un message vidéo aux participants au Forum des entrepreneurs maghrébins qui se tient à Marrakech à l'occasion du 25e anniversaire du traité constitutif de l'UMA, Mme Lagarde a, cependant, conditionné la réussite d’un tel pacte par l’existence d’une volonté politique des Etats membres. Chiffres à l’appui, la patronne du FMI s’est montrée très critique à l’égard des relations économiques et commerciales intermaghrébines qui sont, d’après elle, loin des niveaux atteints par les autres entités régionales en Europe, en Amérique du sud et centrale et en Asie. La coopération maghrébine, constate-t-elle, «fait face à des défis aussi complexes que la multitude des procédures, les doubles barrières douanières, la faible ouverture aux systèmes de l'investissement étranger et l'insuffisance des infrastructures». Elle en veut pour preuve les échanges intermaghrébins qui ne représentent que 2% de leur commerce contre 15% entre les pays du Mercosur, 24% entre ceux de l'Asean ou encore 60% entre nations européennes. Elle a estimé, à ce propos, que le non-Maghreb entraîne un manque à gagner de 2 à 3 points de croissance par an pour chacun des cinq pays membres de l'Union maghrébine. «Le commerce entre les pays de l'UMA ne représente en moyenne que 3% des échanges globaux de ces pays, soit le taux d'intégration le plus faible au monde», précise-t-elle. Dans ce constat à l’évidence très négatif pour la coopération intermaghrébine, on note aussi le fait qu'aucun des cinq pays ne compte un de ses voisins maghrébins comme partenaire commercial majeur. Le Forum de Marrakech qui compte parmi ses participants, côté algérien, la Confédération algérienne du patronat de Boualem Mrakech, est censé, selon les organisateurs, être l'opportunité d'explorer les pistes pour une dynamisation de l'Initiative maghrébine du commerce et de l'investissement, une sorte de feuille de route du secteur privé, destinée à la mise en œuvre de mesures concrètes pour renforcer le commerce et les investissements intra-régionaux. Illustration d'un projet maghrébin toujours en panne, la Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieure, annoncée en 2010, tarde à voir le jour, alors que chacun des pays maghrébins négocie unilatéralement un accord commercial avec l'UE. Quelque 600 acteurs économiques et institutionnels des cinq pays de l'UMA prennent part à ce forum des entrepreneurs maghrébins qui se penche sur des thématiques liées au coût du non-Maghreb, à l'intégration logistique, au Maghreb de l'énergie, à l'emploi et au dialogue social intra-maghrébin et à la convergence douanière et réglementaire.
Amine Sadek