Mouloud Hamrouche appelle l’armée à réagir face à la «paralysie dangereuse des institutions»
L’ancien chef de gouvernement a levé, aujourd’hui jeudi, toute équivoque sur ses intentions, en demandant pardon à tous ceux qui auraient interprété sa précédente déclaration comme une volonté de participation à la présidentielle. Lors de sa conférence de presse très attendue, à l’hôtel Safir, Mouloud Hamrouche a beaucoup insisté sur le rôle de l’institution militaire dans cette phase difficile que traverse le pays. S’il n’appelle pas directement à un coup d’Etat ou à une intervention de l’armée pour empêcher Bouteflika de briguer un quatrième mandat, il considère, néanmoins, qu’«il est du devoir de l’armée de réagir» face à ce qu’il qualifie de «paralysie dangereuse des institutions». S’interrogeant sur l’après-17 avril, Hamrouche se montre plus alarmiste, craignant une révolte populaire, auquel cas, il voit l’armée du côté du peuple. Dans son analyse de la situation de crise actuelle, l’orateur s’oppose énergiquement à ce que «tout l'encadrement de nos forces de sécurité et nos opérateurs économique soit soumis à des pressions impossibles et, à chaque fois, à des tests d’allégeance». Il refuse également que les forces de sécurité paient le prix de la faillite du système politique, «en se retrouvant dans une situation de conflit avec la société». Pour Hamrouche, «le moment est venu de passer le flambeau à une autre équipe». Bouteflika a-t-il le soutien de tous les décideurs ? Réponse de Hamrouche : «Je n’ai pas de données exactes pour connaître les raisons qui ont amené le pouvoir à opter pour un choix déterminé.» «L’heure est grave, enchaînera-t-il, j’en appelle à la raison et au sens de responsabilité de tous.» Poursuivant son éloge de l’institution militaire, qu’il considère comme sa «maison», Hamrouche se dit persuadé qu’«il n’y a aucune chance d’instaurer un système démocratique sans l’aval de l’armée». Interrogé sur une éventuelle alliance ou soutien à un autre candidat, il affirme qu’il ne se reconnaît pas dans le processus électoral actuel, ni, d’ailleurs, d’aucun mécanisme électoral qui est devenu, selon lui, «un mécanisme d’exclusion qu’il faut démanteler». Cela dit, il se dit ouvert à toute initiative «qui tend vers le terrain pour un consensus». Evoquant l’épisode où il était à la tête du gouvernement, Mouloud Hamrouche dit assumer sa responsabilité sur ce qui s’est passé durant cette période, mais nie toute responsabilité dans l’évolution de la situation, comprendre la vague de terrorisme qui a endeuillé le pays dans les années 1990. «Nous sommes tous responsables en tant que citoyens algériens», s’est-il contenté de dire. Dans le même sillage, il estime que la levée de l’état d’urgence n’a pas mené le pays vers plus de démocratie : «L’état d’urgence est resté gravé dans les esprits et les pratiques.»
Mohamed El-Ghazi, R. Mahmoudi