Formulaires de soutien à un 4e mandat : le clan du Président fait-il du chantage aux fonctionnaires ?
A Oran, à Chlef, dans plusieurs villes du pays, des citoyens dénoncent le chantage fait par les représentants du clan présidentiel aux fonctionnaires des établissements publics pour les obliger à remplir les formulaires de signature individuelle au profit du candidat Abdelaziz Bouteflika. La pratique n’est pas nouvelle mais, cette fois-ci, tout semble se faire sans la moindre subtilité, et les gens, outrés par l’annonce de la candidature d’un président impotent, ne sentent plus la peur pour décrire toutes les anomalies qu’ils rencontrent. Ainsi, des internautes font circuler actuellement sur les réseaux sociaux ce qui s’apparente à des preuves de marchandage passibles de peine, sachant que la loi interdit toute activité partisane dans les établissements publics. Un fonctionnaire de la Badr d’Oran fait partager sur Facebook des images montrant clairement la circulation illégale de ce type de formulaires soumis à ses collègues dans les bureaux de cette banque publique pendant les heures de travail. La même violation de la loi est dénoncée vigoureusement par le candidat potentiel à l’élection présidentielle, Rachid Nekkaz, qui, lui, fait état d’une généralisation de cette pratique à l’échelle du pays. Il accuse directement le FLN de servir de relais pour obliger les fonctionnaires municipaux à signer des formulaires au profit du candidat Abdelaziz Bouteflika, au niveau de toutes les APC du pays. Nekkaz cite des exemples vivants : à Aïn Merane, dans la wilaya de Chlef, une employée qui avait signé pour lui est venue dans sa permanence afin d'annuler sa signature «de peur de perdre son travail à la commune», raconte le candidat, qui affirme que ce scénario s’est déroulé dans la majorité des villes d’Algérie. A Constantine, rapporte-t-il encore, l’APC ne légalise que les formulaires du candidat du FLN, entendre Abdelaziz Bouteflika. A moins d’une semaine de la clôture du dépôt des candidatures, le candidat favori de l’administration avait certainement déjà obtenu les 60 000 signatures individuelles requises pour la validation de sa candidature, avant même de l’avoir annoncée. Ce qui fait dire à certains observateurs que la fraude a déjà commencé.
R. Mahmoudi