Benflis dénonce la transformation du gouvernement en «un véritable comité de soutien» à Bouteflika
Le candidat à la présidentielle Ali Benflis a été particulièrement virulent lors de sa rencontre aujourd’hui avec les jeunes à la salle Cosmos, à Alger. D’emblée, il a dénoncé le parti pris flagrant de l’administration avec le président-candidat. «La préparation de ces élections a non seulement éloigné l’administration de la neutralité à laquelle elle est astreinte, mais elle a également mis le gouvernement dans une position de partie prenante, voire de véritable comité de soutien au président sortant.» Benflis considère ainsi le comportement du gouvernement comme contraire à la loi. Réaffirmant sa détermination à se battre sur le terrain malgré tout, Ali Benflis interprète la démarche du gouvernement comme un «rejet catégorique» de l’alternance au pouvoir et du changement. C’est en fait, poursuit-il, «un véritable coup de force contre la Constitution, un défi à la légalité et un mépris pour le bon sens du peuple algérien dont vous représentez la majorité». Il met en garde encore une fois l’administration et le gouvernement quant aux prémices de fraude, assurant qu’il ne se taira pas sur ses droits et sur le vote des électeurs. «Je vous prends à témoin de l’obstination d’un pouvoir politique à bout de souffle et à court d’idées qui cherche à protéger des intérêts privés financiers et politiques d’une minorité qui craint de perdre ses privilèges et son immunité, ce qui explique son arrogance», a-t-il tonné. Comme il dit prendre à témoin l’opinion publique quant au rejet de toute forme de changement et de réforme. Un rejet qui s’explique, selon lui, par la conviction du pouvoir politique que l’alternance démocratique au pouvoir est synonyme de bonne gouvernance, de transparence dans la gestion des affaires publiques, de lutte implacable contre la corruption sous toutes ses formes». Convaincu de la nécessité d’un changement pour faire sortir le pays de sa léthargie et de la médiocrité ambiante, Ali Benflis fait le serment de mettre la compétence et le mérite au cœur de son action présidentielle s’il est élu le 17 avril. Dévoilant les grands axes de son programme, Benflis a affirmé qu’il mise pleinement sur la jeunesse qu’il considère comme la principale richesse dont peut s’enorgueillir l’Algérie. Elle est, selon lui, la véritable valeur que recèle l’Algérie. Il dénonce dans ce contexte ceux qui la considèrent comme un problème difficile, tout en admettant qu’elle vit effectivement des problèmes multiples. «Je suis pleinement conscient que vous réprouvez avec toute la force de votre énergie l’injustice et toutes les formes d’abus de pouvoir, et pour vous emprunter une expression qui vous est chère, je dirai toutes les formes de la “hogra”», a-t-il insisté, précisant que son projet «jette les fondements d’une justice indépendante qui consacre la suprématie du droit et l’égalité des citoyens devant la loi». «Que de fois vous avez également exprimé devant moi votre refus de pratiques hideuses qui ont pour noms le favoritisme, le népotisme et le régionalisme», a-t-il soutenu, estimant dans ce sillage que son projet de «renouveau national» ouvre la voie à la consécration de nouvelles légitimités qui sont celles de la compétence et du mérite. Benflis propose ainsi dans son programme présidentiel une réforme «profonde» du système de l’éducation supérieure, une réforme qui sera engagée avec ce que cela implique en termes de révisions et d’actualisation des connaissances et des savoirs et ce, dans le cadre d’un programme qui a pour appellation «Cap excellence». En ce qui concerne les œuvres universitaires, il considère qu’il est «urgent et nécessaire» de valoriser la bourse d’étude et d’améliorer le niveau des prestations universitaires, à l’instar de l’hébergement, de la restauration et du transport pour permettre à l’étudiant de suivre son cursus dans des conditions qui préservent sa dignité et de fournir les efforts nécessaires à sa réussite. Cette dernière sortie de Benflis présage d'une campagne rude et très musclée…
Sonia B.