Pourquoi la DGSI a-t-elle peur de dévoiler un rapport sur la radicalisation de l’islam en France ?
La journaliste Anne Bénédicte Hoffner, qui travaille pour le compte du journal La Croix, a été interrogée, pendant deux heures, hier mardi, par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI, ex-DCRI), et pour cause. Cette direction veut savoir comment cette journaliste s’est procuré le rapport confidentiel sur la radicalisation de l'islam dont elle a publié quelques extraits dans son article du 28 janvier. Le rapport en question a été remis au gouvernement français le 30 octobre par Yann Jounot, directeur de la protection et de la sécurité de l'Etat, intitulé «prévention de la radicalisation» et qui dresse un constat alarmant sur les dangers de la radicalisation de certains jeunes Français ainsi que du départ de certains d'entre eux pour combattre en Syrie. Egalement, ce rapport critique sévèrement les dispositifs mis en place pour prévenir des risques d’un tel danger. Le premier constat de ce rapport est que la France «est très démunie quant au repérage» des jeunes radicaux dont la situation socioéconomique est fragile et sur lesquels de fortes pressions psychologiques sont faites. Selon la journaliste, le rapport s’est appuyé sur des études faites chez les voisins de la France, puisqu’aucune recherche n’a été faite sur ce sujet. Bien que le rapport indique qu’«aucune religion ni idéologie ne sont épargnées», citant, par la même, le terrorisme d’extrême droite en Norvège ou l’extrémisme néonazi en Suède et en Allemagne, il n’en demeure pas moins que l’islam radical reste le phénomène le plus inquiétant pour la France. Le rapport indique que les services concernés ne «disposent» pas de critères communs de détection et qu’aucune «stratégie de prévention» n’existe à l’égard de personnes détectées pour les aider de sortir du processus. Le rédacteur du rapport n’a pas manqué de fustiger le Conseil français du culte musulman, regrettant «qu’il n’ait à ce jour jamais été impliqué» alors que selon lui, la radicalisation religieuse devrait constituer une «priorité» pour lui. Près de 700 Français voulant partir pour le djihad sont sous la surveillance des services de renseignement, avait déclaré, récemment, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, mais ce sont ceux qui sont revenus sur le sol européen qui donnent le plus d’inquiétude.
Mohamed El-Ghazi