Pourquoi le FIS s’incruste dans la campagne contre la candidature de Bouteflika à un 4e mandat
Les résidus du Front islamique du salut (FIS dissous), conduits par le tonitruent Ali Benhadj, se sont engouffrés dans la brèche que leur a offerte l’opposition à un quatrième mandat. Jusqu’ici peu actifs et discrets, se limitant à des halaqate dans certaines mosquées, ces résidus étaient présents en force, vendredi dernier, à la salle Harcha. Ne se démarquant pas de leur effervescence habituelle, les acolytes de l’ancien meneur du parti extrémiste qu’il a fondé avec Abassi Madani ont scandé des slogans hostiles au pouvoir et rappelé que le FIS «est toujours présent». Aux côté de ces militants islamistes fanatisés, les familles des disparus ont elles aussi saisi l’occasion du meeting autorisé par les autorités pour relancer leurs revendications. Le rassemblement organisé par une dizaine de partis opposés à la candidature du président-sortant est un melting pot réunissant des islamistes, incarnés par les dirigeants de cette mouvance, notamment Abderrezak Mokri et Abdallah Djaballah, des démocrates représentés notamment par le RCD de Mohcine Belabbas et des personnalités indépendantes, à l’instar d’Ahmed Benbitour. «Cette entrée en scène des extrémistes du FIS fait le jeu du pouvoir», explique une source à Algeriepatriotique, qui souligne que «le clan présidentiel tirera forcément profit de cette implication de ces extrémistes dans la campagne pour le boycott des élections» du 17 avril prochain. Plus explicite, notre source indique que le pouvoir «ajoutera cette nouvelle menace (extrémiste, ndlr) à celle de l’instabilité à nos frontières et des complots qui seraient ourdis contre l’Algérie, pour adouber le président-candidat et lui assurer une victoire à la présidentielle». «En multipliant les sources de tension, voire de terreur, le clan présidentiel accroît ses chances de gagner des voix. Les anti-islamistes, les nationalistes farouchement opposés à toute ingérence étrangère dans les affaires internes du pays et le citoyen lambda, craignant pour sa propre sécurité, se retrouveront, par la force des choses, dans le même camp. Il en résultera alors une sorte de plébiscite d’assurance, de peur qu’un changement affaiblisse davantage un équilibre déjà fragile», précise encore notre source, qui ajoute que «le report de l’attribution des logements à la fin avril participe de cette logique machiavélique et corruptrice, en ce sens que les citoyens appréhendent un abandon des programmes initiés par le président Bouteflika en cas de défaite». Les partisans du quatrième mandat ne manquent pas d’ingéniosité pour attirer les citoyens vers les urnes le 17 avril prochain. Mais ces méthodes relèvent ni plus ni moins d’une manipulation sordide qui ne sert pas les intérêts du pays.
Karim Bouali