Le général Hocine Benhadid dénonce «sept nouveaux dictateurs»
Le général à la retraite Hocine Benhadid dénonce la «politique de la terre brûlée» que mènent actuellement les principaux promoteurs du quatrième mandat. Dans une longue contribution publiée dans les quotidiens arabophone El Khabar et francophone El Watan, il accuse, sans les nommer, «sept personnes» d’être derrière la crise actuelle par leur entêtement à imposer au peuple un candidat malade. Il parle d’un «hypothétique compromis entre ce groupe des «sept» assis sur l’économie rentière et rêvant de soumettre la société à leur diktat. Ils sont dans la logique de la terre brûlée. Ce groupe tire ses forces des connexions et des interconnexions tissées en haut lieu par les multinationales juives-sionistes et les pieds-noirs d’outre-mer sous l’œil attentif du Makhzen marocain», précise le général Benhadid, estimant que par leur logique suicidaire, ils font courir au pays un grave risque. L’option du maintien du président sortant au pouvoir serait la pire pour les Algériens, pour l’Algérie et pour l’ouverture sur l’ensemble du monde. Ils font, selon lui, union autour d’une économie rentière, qui ne produit plus et qui se contente de commercer, et dont le pactole est détourné au profit d’une bourgeoisie parasitaire et arrogante, et sans autre perspective que l’enrichissement rapide. «Il y aurait 20 milliards de dollars circulant dans l’informel. «Cette bourgeoisie estimée à 500 000 personnes, dont la majorité est issue de l’informel, représenterait un danger réel et une force hégémonique», fait-il remarquer, insistant sur le danger que cela présente. «Pas étonnant que ce groupe des "sept" soit convaincu que l’élection est gagnée d’avance. Le taux de 60% avancé par le sieur Saïdani marque la fin des élections.» La société civile et les partis politiques peinent, d’après lui, à offrir aux citoyens une perspective de rupture alternative qui échapperait au choix entre le fatalisme et le sacrifice. «Ils assistent même avec inquiétude à un passage politique en force pour imposer le président sortant», soutient le général qui a eu à critiquer frontalement le chef d’état-major, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd-Salah, qui constitue d’après lui un «véritable danger» pour la cohésion des rangs au sein de l’armée.
«Isoler le pouvoir et préparer une constituante»
Pour le général Benhadid, il faut isoler «ce pouvoir» et «non pas le peuple et son institution militaire et sécuritaire». Il se dit convaincu que «si ce système se perpétue, et en l’absence de société civile, en l’absence d’une élite universitaire avérée, en l’absence de l’implication de la jeunesse performante et novatrice, nous allons aller vers une momification qui fera de l’Algérie une terre propice aux fouilles archéologiques parce que ce système mènera inéluctablement ce pays à sa perte, à sa disparition, comme les dinosaures». Cet ancien militaire affirme que la situation actuelle ne conjecture rien de bon pour l’avenir de l’Algérie. «S’il est vrai que l’Algérie ne va sans doute pas connaître de printemps arabe, elle risque en revanche, si ce système se perpétue, de connaître un hiver, non pas arabe, mais un hiver typiquement algérien, c'est-à-dire un hiver polaire qui va statufier définitivement le pays l’empêchant d’aller de l’avant.» La seule voie de salut, selon lui, c’est d’aller vers une période de transition pour mettre en place une constituante. Pour ce faire, il estime nécessaire d’associer tout le monde, y compris les hommes et les femmes historiques encore de ce monde tels que Hocine Aït Ahmed, Redha Malek, Méchati, Lakhdar Brahimi, Taleb El-Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Damila Bouhired. Auxquels il faut également associer, insiste-t-il, l’ancien président Liamine Zeroual, qui aura à charge d’assurer l’intérim à la tête de l’Etat, sous l’appellation : le haut comité pour la transition.
Sonia B.