Amnesty International s’attaque une fois de plus à l’Algérie
Amnesty International monte encore une fois au créneau pour épingler le pouvoir algérien en matière de non-respect des libertés et des droits humains. L’organisation qui n’a jamais été tendre avec l’Algérie, même au plus fort de la crise des années 90, trouve, en ce moment, une matière à profusion pour s’attaquer à notre pays en comptabilisant pèle-mêle toutes sortes de restrictions actuellement commises en Algérie, mais aussi celles ayant été commises dans le passé au sens de cette ONG. Amnesty en profite, ainsi, pour s’attaquer par exemple aux services de sécurité qu’elle raille pour la fierté qu’ils affichent quant à leur gestion de la prise d’otages de Tiguentourine. «La prise d'otages à l'usine de gaz d'In Amenas a mis en relief les menaces pesant sur la sécurité du pays ainsi que le bilan lamentable des forces de sécurité.» L’organisation remonte aussi jusqu’aux années 90 en écrivant : «Les forces algériennes de sécurité se sont rendues coupables de violations graves, au nom de la lutte contre le terrorisme. Ce bilan n'a cependant pas été pris en considération dans le cadre d'actions de coopération mises en place avec les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni dans le domaine de la sécurité.» Une sorte d’appel au boycott de l’Algérie, que l’organisation a contribué à «isoler» il y a une vingtaine d’années, semble être lancé une fois de plus en profitant de la situation de confusion actuelle. Concernant le sujet central de son rapport en cette période préélectorale, Amnesty proteste contre ce qu’elle qualifie de «restrictions croissantes à la liberté d'expression» en Algérie, estimant qu’il y a des «failles choquantes dans le bilan global des droits humains dans le pays». Dans une nouvelle synthèse rendue publique aujourd’hui, l’organisation souligne que «les efforts visant à réduire les opposants au silence et à étouffer les troubles sociaux sont l'un des principaux motifs de préoccupation». Amnesty International écrit : «Il semble y avoir un effort concerté de la part des autorités algériennes pour contrôler la narration de la campagne électorale, par le biais du renforcement de leur mainmise sur la liberté d'expression. L'absence de débat public et les restrictions pesant sur le droit de critiquer ou de protester pour exprimer des revendications sociales ou des exigences politiques font planer le doute sur cette élection.» Elle relève qu’après «un premier tour de vis début mars, les autorités n'ont pas dispersé par la force les manifestations pacifiques qui se sont déroulées dans la capitale en présence d'un important dispositif de sécurité». Le rapport relate, par ailleurs, les restrictions au droit d’informer en spécifiant par exemple le cas de la fermeture de la télévision Al-Atlas TV : «Le mois dernier, les forces de sécurité ont effectué une descente à Al-Atlas TV, une chaîne de télévision privée, qui avait critiqué les autorités dans ses émissions. Elle a été forcée de suspendre ses activités et interdite d'antenne le 12 mars 2014.» L’organisation signale aussi qu’«en dépit de nombreuses promesses de réforme, les failles béantes que présente le bilan de l'Algérie en matière de droits humains persistent, même dans les domaines que les autorités affirment avec fierté avoir améliorés. Les discriminations et violences faites aux femmes restent monnaie courante».
Meriem Sassi