Les priorités de Bouteflika après sa réélection controversée pour un quatrième mandat
Maintenant qu’Abdelaziz Bouteflika a atteint son objectif de rempiler, malgré le refus de quelque treize millions d’Algériens de lui donner leur voix, plusieurs priorités s’imposent à lui avant de quitter définitivement le pouvoir. La première d’entre elles consiste à se débarrasser de tous ses courtisans qui, tout en ayant couru la steppe pour appeler les Algériens à voter pour lui, n’en ont pas moins utilisé cette élection pour régler leurs propres affaires. Il en est ainsi du secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, coopté à la tête du parti historique pour barrer la route aux redresseurs velléitaires qui auraient pu gêner Bouteflika dans sa course à sa propre succession. Amar Saïdani, accusé de détournements de fonds, a mauvaise presse et traîne une sulfureuse réputation au sein de l’opinion publique. Parvenu à ses fins, le président Bouteflika devra éloigner les zélateurs dont le but premier était de maintenir le statu quo pour éviter d’être inquiétés par la justice en cas de changement de président. Il en est ainsi du ministre des Transports, Amar Ghoul, dont le passage aux Travaux publics a été entaché par des affaires de corruption, mais aussi par de nombreuses malfaçons constatées au fur et mesure de la réalisation de l’autoroute Est-Ouest qui devient un véritable danger pour les usagers. Ces deux laudateurs intéressés ne sont pas les seuls à s’être démenés comme des possédés pour que la transition n’ait pas lieu. Beaucoup de ceux qui ont appelé ardemment à un quatrième mandat en faveur du président malade nourrissent résolument l’intention de profiter de ce énième quinquennat, qui pour se sortir d’une éventuelle situation critique, qui pour continuer de renflouer les caisses grâce aux affaires juteuses rendues possibles grâce aux accointances avec le clan présidentiel. C’est le cas, notamment, des hommes d’affaires qui ont financé la campagne électorale de Bouteflika à coups de milliards. Mais la mesure la plus importante qui attend le président réélu, c’est bien la désignation d’un nouveau chef d’état-major, dans le cas où il déciderait de maintenir l’actuel vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd-Salah, de sorte à revenir à l’orthodoxie militaire, qui veut qu’un seul et même responsable ne puisse pas, à la fois, siéger au gouvernement et commander les troupes. Bouteflika devra donc procéder à un vaste nettoyage autour de lui pour pouvoir aspirer à achever les chantiers dont il a été question dans la campagne que tous ces amadoueurs convoiteux ont animée à sa place.
M. Aït Amara