Crise malienne : les Touareg refusent-ils la médiation algérienne ?
Dans une réaction à une déclaration du ministre malien de la Réconciliation nationale, dans laquelle celui-ci saluait les résultats des négociations parrainées par Alger, et annonçait une rencontre formelle sous peu en Algérie entre le gouvernement malien et les «rebelles» touareg, le principal mouvement armé targui, le MNLA, se dit non concerné par ces négociations, dès lors qu’il n’a pas été consulté par le gouvernement malien. Selon le mouvement, «le ministre devait s’interdire de faire une telle déclaration sans avoir informé les groupes armés». Son vice-président, Mahamadou Djery Maiga, a déclaré à ce sujet : «Nous ne sommes pas contre l’Algérie, mais on ne nous a pas informés comme quoi c’est l’Algérie qui doit être le médiateur.» Cette réticence marque en fait le peu de crédit que prêtent désormais les Touaregs du Mali au gouvernement algérien pour le règlement du conflit qui les oppose depuis des années au pouvoir de Bamako, et qui a débouché sur une guerre civile qui a fini par chasser ces groupes des villes qu’ils ont occupées au début de l’année 2012 alors que ces mêmes groupes ont toujours, jusqu’à encore quelques mois, eu recours à Alger pour demander ses bons offices. Le MNLA était même taxé par ses rivaux et une certaine presse internationale de pro-algérien. Ce mouvement lui préfère désormais la médiation de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l' Ouest). «Pour nous, jusqu’à preuve du contraire, ce serait la médiation de la Cédéao. Parce que, de toutes les façons, c’est la médiation qui a été reconnue par la communauté internationale, affirme encore le responsable du MNLA, avant d’ajouter : «Si on se concertait avec le gouvernement malien en commun accord, on peut trouver un médiateur. Mais ce n’est pas le cas.» L'Algérie est-elle en train de perdre ses positions dans la région du Sahel ? La question mérite d’être posée.
R. Mahmoudi