Prestation de serment : beaucoup d’invités mais une cérémonie réduite au minimum requis
C’est ce matin que Bouteflika prête serment après sa réélection pour un quatrième mandat. Des invitations ont été envoyées depuis plusieurs jours aux cadres supérieurs de l’Etat, aux responsables des partis politiques, aux ambassadeurs accrédités à Alger, aux directeurs des médias et autres personnalités, pour prendre part au protocole qui se déroule au Palais des nations, au Club des Pins, sur la côte ouest de la capitale. Les invités, triés sur le volet, ont été priés de se rendre au lieu de la cérémonie dès 7 heures. Tout a été préparé par l’entourage du Président avec une attention particulière pour que ce dernier puisse apparaître sous son meilleur jour et effectuer cette obligation constitutionnelle sans couac. Les images d’un Président poussé par un général médecin et accompagné jusque dans l’isoloir par le responsable de la garde rapprochée présidentielle pour introduire la feuille de vote dans l’enveloppe ont quelque peu écorné l’image d’un Bouteflika malade et candidat à sa propre succession qui avait pourtant «réussi», quelques jours auparavant, à se mettre debout pour saluer, sous le feu des projecteurs, ses hôtes John Kerry et Lakhdar Brahimi. L’entourage du chef de l’Etat, qui aura battu le record de longévité à la tête du pays, a mis les bouchées doubles pour trouver la parade nécessaire au déroulement «parfait» de cette cérémonie que Bouteflika inscrit en droite ligne de son gigantisme caractérisé. Un gigantisme qui avait commencé par le nombre impressionnant – mais néanmoins impossible selon les spécialistes – de formulaires de signatures en sa faveur déposés au Conseil constitutionnel. Ses partisans avaient parlé de quatre millions de signatures, tandis que les observateurs s’étaient demandé si un tel «exhibitionnisme» ne cachait pas, en réalité, un complexe vis-à-vis d’un des cinq candidats rivaux, Ali Benflis en l’occurrence. Le clan présidentiel n’a donc pas lésiné sur les moyens. La prestation de serment se fera sous l’immense dôme du Palais des nations, un lieu hautement symbolique qui a toujours abrité des événements nationaux et internationaux prestigieux depuis sa construction au début des années 1960. Mais des sources très au fait de ce genre de solennités soulignent que l’événement sera de courte durée, qu’il se limitera à l’essentiel et que «tout a été fait» pour que personne ne puisse approcher le Président dont l’apparition sera furtive et ressemblera à celle du jour de la présentation officielle de sa candidature à l’élection présidentielle auprès du Conseil constitutionnel. Il faut dire que l’entourage de Bouteflika ne manque pas de génie, depuis sa maladie, pour montrer aux Algériens un Président en pleine possession de ses capacités mentales et physiques malgré son grave AVC. Seulement, les citoyens n’accordent plus d’attention à tout ce qui se rattache aux événements politiques dans notre pays depuis fort longtemps. Une désaffection qui s’est aggravée ces dernières années et qui a été constatée par tout un chacun lors de l’élection du 17 avril où le taux d’abstention est de loin supérieur aux chiffres officiels, quand bien même les médias continuent de se faire l’écho des activités partisanes par obligation professionnelle.
M. Aït Amara