Un ambassadeur français dénonce le racisme au Quai d’Orsay
L’ambassadeur français à Andorre, Zaïr Kedadouche, d’origine algérienne, vient de démissionner avec grand fracas de son poste pour dénoncer le règne de l’innommable au ministère français des Affaires étrangères : le racisme dont il a été victime lui et d’autres fonctionnaires qui ont juste le tort de ne pas être catalogués dans la catégorie des «Français de souche». Ancien inspecteur général de l’éducation nationale, conseiller du président Chirac, consul général en Belgique (2008-2011), le diplomate a adressé sa lettre de démission au président François Hollande pour y dénoncer «le racisme le plus abject» qu’il a «rencontré au Quai d'Orsay» sous le gouvernement socialiste. «Je démissionne au nom des valeurs de la République que le Quai d’Orsay a bafouées (…). C’est au ministère des Affaires étrangères que j’ai rencontré le racisme le plus abject», écrit-il, notamment dans sa lettre. M. Kedadouche fait état de discriminations dont il estime avoir été l’objet de manière constante, les tentatives de le discréditer et «le rejet constant à son égard de la noblesse du Quai d’Orsay». Le magazine français Le Nouvel Observateur n’a d’ailleurs pas hésité à publier de larges extraits de la lettre de démission, faisant état de tentatives de hauts responsables de l’Elysée et du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, de faire revenir l’ambassadeur sur sa décision ou pour lui proposer un autre poste. Selon Le Nouvel Obs, Sylvie Hubac, directrice du cabinet du président Hollande, l’a même assuré de son soutien. Mais l’ambassadeur en colère, militant antiraciste de longue date, attendait, visiblement, des actes et des sanctions contre les comportements qu’il estime racistes de diplomates intouchables. Détaillant les agissements dont il a été victime, Zaïr Kedadouche n’a pas digéré un mail du secrétaire général du Quai d’Orsay faisant allusion à sa date d’arrivée en France alors qu’il est né à Tourcoing. Excédé, il a saisi le défenseur des droits et vient de déposer une plainte pénale pour discrimination raciale, selon Le Nouvel Obs qui indique que ce qu’a vécu ce diplomate n’est que le dernier d’une longue liste de toutes sortes de discriminations dont ont été victimes des fonctionnaires des AE françaises. Le journal français révèle que Laurent Fabius avait pris la mesure des dérives de la gestion administrative de ce ministère dès sa nomination, en remplaçant la très contestée directrice générale de l’administration Nathalie Loiseau mais, visiblement, il n’en finira pas de découvrir les cadavres que les caciques du ministère lui ont légués.
A. Sadek