Alger croule sous les immondices : menace sur la santé publique et défaillance de l’Etat
Plusieurs quartiers d’Alger connaissent un état de saleté et d’accumulation d’ordures qui donne l’impression que les services chargés de la propreté de la voie publique sont à l’arrêt. Le spectacle des déchets un peu partout est observé quotidiennement, pas seulement dans la capitale, mais aussi dans les autres grandes villes du pays. Le constat ne manque pas d’être fait par les walis, chaque fois qu’ils sortent «sur le terrain», malgré les efforts de maquillage –un art que maîtrisent les élus locaux – destinés à faire croire que tout est propre et que tout va bien. Mais personne n’est en mesure de cacher le soleil à l’aide d’un tamis. Il y a quelques mois, le wali d’Alger, découvrant des quartiers sales, avait qualifié la situation d’inacceptable. Toutefois, l’indignation des commis de l’Etat, sans doute sincère, ne change rien à l’état déplorable d’insalubrité qui règne dans les villes et les villages. Des milliards de dinars sont alloués au budget consacré à l’hygiène et au cadre de vie, pour des résultats imperceptibles, en tout cas sans rapport avec les dépenses. Du matériel et des équipements coûteux sont acquis au profit des communes et du personnel est mobilisé et payé, mais l’hygiène reste déplorable. Il est facile d’incriminer les citoyens qui manqueraient de civisme, mais les élus aussi ont la tête ailleurs, dans des activités plus «politiques», plus «lucratives». A veille de l’été, avec les grandes chaleurs qui commencent, les gens craignent les épidémies et les services de la santé n’arrêtent pas de tirer la sonnette d’alarme et d’appeler aux gestes indispensables à la propreté. Leur appel s’adresse aux élus locaux qui n’ont pas l’air d’entendre et encore moins d’écouter, obnubilés par l’idée qu’ils ont, ou qui leur a été imposée, de distraire la population, surtout les jeunes qui n’auraient, selon ces autorités, besoin que de s’amuser, oubliant la première mission de l’APC qui est de veiller à l’hygiène et la salubrité, partout dans la commune. Le véritable cri de «guerre à la saleté» lancé par Amara Benyounès, quand il était ministre en charge de la Ville, exprimé dans le slogan «nettoyons les villes», a été un vœu pieux qui est tombé à plat avec le temps. Il n’est pas exagéré de dire que la situation a empiré. Mais qui s’en préoccupe ?
Kamel Moulfi