Le Satef à Benghabrit : «Arrêtez de faire dans le populisme !»
Dans une déclaration rendue publique aujourd’hui mercredi, le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) a commenté les résultats du BEM et du bac, en considérant que «les taux comptent peu». «Le taux de réussite pour nous, affirme le Syndicat, importe peu car nous avons eu déjà par le passé un taux de 80% avec un niveau qui laisse à désirer». Et d’ajouter : «Nous ne sommes point obnubilés par des taux élevés aux différents examens, sinon comment expliquer que le taux de réussite à l’examen de cinquième soit de 80% et de 50% au BEM ?» Pour le Satef, il s’agit de réformer un système éducatif «en décadence totale sans que personne lève le petit doigt malgré les avertissements d’une certaine élite de ce pays». Mettant en garde contre la perte de crédibilité du baccalauréat, ce syndicat appelle à prendre des décisions «courageuses pour redresser la barre au lieu de s’occuper des ancêtres de tel ou telle», estimant que le secteur de l’éducation a été «pris en otage par des médiocres qui ne veulent pas lâcher le gâteau et des postes gagnés sans fournir le moindre effort». L’auteur de la déclaration trouve, par exemple, anormal que les élèves accèdent à l’université sans avoir étudié ni les probabilités ni les statistiques et encore moins le calcul des surfaces, et que le cours de la logique ait été carrément supprimé de l’enseignement des mathématiques en Algérie. «De vrais génies, ces décideurs !» s’exclame-t-il. Rejetant toute la responsabilité sur les décideurs, les dirigeants de ce syndicat affirment avoir remis leurs propositions «depuis le siècle dernier, mais l’Etat persiste dans son entêtement, et le résultat est là !» conclut la déclaration. Par ailleurs, dans une longue lettre adressée à la ministre de l’Education nationale, le Satef prévient contre la persistance des facteurs ayant induit «la faillite» du système éducatif. «Sans un système éducatif performant et compétitif, sachez que l’Algérie sera toujours à la traîne et parmi les pays du tiers monde à jamais», écrit d’emblée le secrétaire général du Syndicat, Boualem Amoura. Celui-ci réclame une refonte «courageuse» qui toucherait aux contenus des programmes scolaires. «Est-il acceptable d’enseigner à un enfant de huit ans comment laver un mort ou la torture de la tombe (adhab el qabr) ou el qadha wa el qadr ?» s’interroge-t-il. Pour lui, cet abrutissement et ce bourrage de crâne ont généré une violence et une médiocrité dans la société algérienne que personne ne pourra corriger. Dans ce courrier, le Syndicat rappelle ses propositions : la valorisation des critères de performance, sécurisation du milieu scolaire, en proie à la violence de la rue et aussi à celle pratiquée par les enseignants. Le Syndicat stigmatise la tutelle sur le détournement des budgets alloués pour les cantines et les chauffages dans les écoles. «Où va cet argent ? C’est un crime que de détourner le droit des enfants innocents», assène-t-il. Il demande enfin à la ministre de prendre des décisions courageuses et de «ne pas faire dans le populisme».
R. Mahmoudi