Crimes à Ghardaïa : les Mozabites réclament toute la lumière
Sous un soleil de plomb, en ce 14e jour du Ramadhan, des centaines de Mozabites se sont rassemblés devant la maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger. Munis de banderoles et de pancartes, ils ont appelé le peuple algérien à se solidariser avec eux et à les soutenir dans leur combat pour vivre en paix et en sécurité à Ghardaïa. «Nous appelons les citoyens jaloux de leur religion et de leur pays à nous apporter leur soutien pour que cesse l’effusion de sang dans la vallée du M’zab», lance l’un des manifestants. «Non à l’injustice», «Non à la haine», «Non au racisme», peut-on lire sur les pancartes exhibées par des manifestants en colère. Excédés par l’absence de réaction forte des autorités face aux agressions à répétition qu’ils subissent, les Mozabites demandent aux Algériens à travers l’ensemble du territoire national de faire pression sur le gouvernement afin qu’il agisse concrètement dans le sens du règlement définitif de cette crise qui persiste depuis novembre 2013. Ils interpellent vivement le Premier ministre sur la «partialité de l’administration» et «le laxisme» des services de sécurité qui aggravent le risque sécuritaire. «Sommes-nous tous Algériens ?» peut-on lire sur une banderole. Les manifestants ont également exhibé les photos des neuf victimes depuis le début des violences. Ils récusent la thèse selon laquelle la dernière victime est morte dans un accident et demandent à ce que toute la lumière soit faite sur ces meurtres et à ce que les auteurs soient jugés. «Nous appelons tous Son Excellence le président de la République à user de toutes ses prérogatives constitutionnelles pour une intervention ferme et urgente afin de mettre un terme à la véritable tragédie que vivent nos frères à Ghardaïa et démasquer les criminels qui portent atteinte à l’unité nationale et leurs complices qui fuient leurs responsabilités pour protéger les innocents», écrivent les manifestants dans une déclaration distribuée aux passants. Ils lancent de nouveau un cri de détresse en affirmant que «la vallée du M’zab brûle dans l’indifférence des responsables locaux». Les manifestants ne sont pas à leur premier rassemblement. Ils ont mené la même action au même endroit la semaine dernière. La reprise des violences les a poussés à tenir ce sit-in pour alerter l’opinion publique sur la gravité de la situation. Pour eux, Ghardaïa est livrée aux bandes criminelles connectées aux groupes terroristes qui redoublent de férocité. Ils mettent l’entière responsabilité sur les autorités locales qui par leur passivité encouragent la poursuite des agressions criminelles. La société civile mozabite a écrit plusieurs fois aux hauts responsables du pays à leur tête le président de la République. En vain. Le gouvernement, à travers son ministre de l’Intérieur, annonce un nouveau plan de sortie de crise. Les Mozabites attendent son application en espérant qu’il sera le bon. Car ils estiment qu’il y a eu trop de morts, trop de veuves, trop de familles sans domicile et trop de dégâts matériels.
S. Baker