Représentation de l’Algérie au défilé du 14 Juillet en France : pourquoi le ministre de l’Energie ?
Peu ou pas communicatif, le pouvoir a laissé la presse se démener seule pour essayer d’informer l’opinion publique, d’abord sur la participation ou non de l’Algérie au défilé du 14 Juillet, ensuite – une fois cette information confirmée par des circuits officieux – sur la nature de cette participation. Algeriepatriotique, à l’instar d’autres confrères, s’est à chaque fois, s’agissant de cet événement, référé à des déclarations d’officiels français qui, eux-mêmes, visiblement, n’étaient pas très au fait des détails de l’accord passé entre Abdelaziz Bouteflika et François Hollande – lors de sa visite à Alger ou durant l’hospitalisation de son homologue algérien au Val-de-Grâce – pour faire participer des soldats algériens, pour la première fois depuis l’indépendance, au défilé militaire qui se déroule chaque année sur l’avenue des Champs Elysées. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait été le premier à parler de la présence de trois militaires algériens, croyant, au départ, qu’il allait s’agir de hauts gradés de l’ANP. Mais les dernières informations qui ont circulé, et notamment une photo qui a été diffusée sur les réseaux sociaux, confirment que l’Armée nationale populaire sera représentée par trois soldats. Une source militaire algérienne contactée par nos soins a indiqué que les trois soldats qui apparaissent sur la photo en question, s’entraînant au défilé prévu pour aujourd’hui à Paris, sont des porte-drapeaux qui peuvent être des hommes de troupe ou des sous-officiers, ajoutant qu’un général pourrait se trouver également dans les tribunes. Notre source pense à une représentation par l’attaché de défense qui se trouve sur place, à Paris, et non pas à un officier de haut rang qui serait dépêché à partir d’Alger. Si le flou qui a entouré la présence de soldats de l’ANP à ce défilé militaire officiel français qui fait polémique a été levé, le choix du ministre de l’Energie pour représenter le gouvernement algérien suscite des interrogations. La présence de Youcef Yousfi en France a-t-elle une relation quelconque avec le débat – polémique aussi – sur l’exploitation du gaz de schiste ? L’annonce de la décision de l’Algérie de recourir à cette énergie non conventionnelle a, faut-il le rappeler, été faite par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Ce qui signifie, en toute logique, que la France non seulement s’intéresse aux gisements algériens de gaz de schiste qu’elle n’arrive pas à exploiter chez elle, en raison d’une forte opposition des organisations écologiques, mais qu’elle a déjà négocié avec les autorités politiques du pays sa présence sur les sites gaziers du Grand Sud algérien. Abdelaziz Bouteflika a-t-il voulu faire d’une pierre deux coups en envoyant son ministre de l’Energie assister à la fête nationale française aux côtés des Français et finaliser, par la même occasion, ce dossier énergétique qu’il voudrait sceller au plus tôt pour faire taire les nombreuses voix opposées à cette décision controversée ?
Karim Bouali