Ces Bazungu* veulent tous la guerre et à tout prix
Aussi fou que cela puisse paraître, on doit conclure que ces bazungu veulent tous la guerre, et à tout prix, sous n’importe quel prétexte. Ou presque tous : le seul homme d’Etat qui garde toute sa tête dans cet étrange conflit, c'est le président russe, Vladimir Poutine. Et vu qu’une guerre intercontinentale ne peut qu’être nucléaire, ou électromagnétique – les deux, plus probablement, vu les petits joujoux qu’ils se sont récemment employés à exhiber les uns aux autres –, notre pauvre petite planète risque d'être dévastée. Ou même carrément détruite. Comme disait Noam Chomsky l’autre jour, l’Apocalypse est passée des mains de Dieu à celles de l’homme… Témoin, cette «nouvelle» qui a fait le tour du monde en quelques minutes avant-hier, suite au départ d’un convoi humanitaire russe vers l’Ukraine : Libération : «L’agresseur russe cherche n’importe quel prétexte pour agresser plus encore», «Bruits de bottes russes près de la frontière ukrainienne» ; Le Figaro : «L'Ukraine dit avoir détruit des blindés venus de Russie» (Facile à dire, puisqu’il n’y en a jamais eu !) ; Le Monde : «Guerre médiatique autour du convoi russe : Kiev et les pays occidentaux soupçonnent Moscou de préparer sous couvert d'une mission humanitaire une incursion militaire dans l'est de l'Ukraine…» ; The New York Times : «Ukraine Says It Destroyed Military Vehicles Crossing Border From Russia. – NATO and Ukraine said that a column of military vehicles crossed into Ukraine from Russia…». Même son de cloche chez The Guardian, The Telegraph, BBC, nombre d’organes allemands, dont Die Welt, bref toute la presse occidentale. Il s’avère, cependant, que cette histoire a été fabriquée de toutes pièces pour contrer toute sympathie que pourrait susciter dans les cœurs ce geste humanitaire (http://www.paulcraigroberts.org/2014/08/14/washington-placed-world-road-war-paul-craig-roberts/). La Croix-Rouge a inspecté les 280 camions devant des journalistes : il n’y avait que des vivres et les fournitures habituelles – bien évidemment. Pepe Escobar (Asia Times) aurait donc raison, après tout : “NATO is desperate for war”? (http://www.atimes.com/atimes/Central_Asia/CEN-01-080814.html). Et la presse, sa «presstitute», comme on dit ces jours-ci, seconde de toutes ses forces l’Otan. Mais Joe Biden continue d’affirmer : «Russia's military activities in Ukraine are not humanitarian.» (http://theweek.com/article/index/266512/speedreads-biden-russias-military-activities-in-ukraine-are-not-humanitarian). Joe Biden n’a pas intérêt à ce que la situation s’améliore en Ukraine : depuis le coup d'Etat (A New Cold War? Ukraine Violence Escalates, Leaked Tape Suggests US Was Plotting Coup), son propre fils contrôle le secteur gazier ukrainien, mais il ne peut le faire que dans le désordre actuel – kurira mu kavuyo… Et si la guerre éclate entre les Etats-Unis et la Russie, ce sera encore mieux : le premier vaincra (Biden en est convaincu) et alors toutes les ressources de la Russie lui appartiendront, à lui et à ses compères. Et la presse se fait forte de seconder les démoniaques va-t-en-guerre, au moyen de mensonges chaque jour plus éhontés que la veille : «The West is already pushing at the limits of what it feels it can do without finding itself in a serious confrontation with Russia.» Des convois humanitaires représenteraient-ils donc une déclaration de guerre ?
Pourtant, Mme Dinisova, la ministre ukrainienne des Affaires sociales a déjà officialisé sa confirmation de la nature purement humanitaire des convois russes (http://rt.com/news/180844-ukraine-recognizes-russia-humanitarian-aid/) ; les convois sont déjà à la frontière, et les inspections sont en cours (http://rt.com/news/1800904-rtnews-august-17-17msk/). Le coup de l’avion malaisien a avorté : on n’entend plus parler de l’enquête, ayant constaté que tous les faits pointaient vers une implication des Etats-Unis via le gouvernement ukrainien, il ne restait plus d’autre solution que le silence… Les Hollandais, qui ont perdu le plus de gens dans le crash, ne semblent pas pressés de connaître les résultats de l’enquête, mais ils ont également cessé de publier plus de photos de bébés blonds accompagnées de «Poutine killed my baby». Et puisque même les Américains les plus obtus ne pourront trouver à redire à un aide humanitaire, même russe, et pourraient même commencer à penser que ce Poutine ne doit pas être aussi méchant qu’on leur fait croire, alors il faut l’attaquer, et dire que c’est lui qui a commencé. Grâce à sa magie, Poutine avait miniaturisé ses blindes en boîtes de sardines, et dissimulé des bataillons entiers dans les boîtes de lait. Les tentes et les couvertures photographiées dans les camions étaient en réalité des missiles balistiques, et dans la poche de chaque agent de la Croix-Rouge se trouvaient des compagnies de Cosaques… Devant cette folie furieuse, la voix de la raison peine à se faire entendre. A moins que le président Poutine n’adresse un nouveau «message au peuple américain» comme il l’a fait l’an dernier, pour leur expliquer pourquoi il s’opposait à l’invasion de la Syrie par leur gouvernement. Le danger de guerre mondiale était alors tout aussi imminent, puisqu’Obama prévoyait de profiter de l’occasion pour attaquer l’Iran – qui se serait alors défendu, puisqu’il est lui-même assez armé. Dans la foulée, Obama aurait attaqué la Russie, l’accusant d’être venue au secours de l’Iran. M. Poutine publia son appel au peuple américain dans le New York Times du 12 septembre 2013 : «A Plea for Caution From Russia, by Vladimir Putin » (http://www.voltairenet.org/auteur4739.html?lang=en).
“Recent events surrounding Syria, écrivait M. Poutine, have prompted me to speak directly to the American people and their political leaders. It is important to do so at a time of insufficient communication between our societies…» Les résultats furent probants, puisque l’on raconta partout – et encore aujourd’hui – que les ardeurs guerrières d’Obama avaient été freinées par le peuple américain lui-même, qui s’était opposé à une invasion de la Syrie. Il serait donc temps de tenter sa chance de nouveau, d’essayer de percer le brouillard des mensonges, de casser le mur de la désinformation. Mais M. Poutine serait-il entendu ? Personnellement, j’en doute, vu l’énorme campagne de dénigrement qui le fait passer aux yeux du public euroatlantique pour le diable en personne. Il faut bien voir, en effet, que la propagande occidentale a produit sur le peuple l’effet d’un véritable envoûtement, ou si l’on préfère, une obsession produisant une phobie collective de Poutine, au point qu’il suffise de dire «Poutine a attaqué !» pour que le peuple américain appelle lui-même : «Nuke him!»
Mais qu'est-ce qu'ils ont, ces Bazungu ?
Rose-Marie Mukarutabana, intellectuelle rwandaise
* Occidentaux