Valls à propos de la situation des sans-papiers algériens en France : «Je n’ai pas le temps !»
Le décès du ressortissant algérien à l’aéroport de Roissy, alors qu’il était expulsé de force par la police française, relance le débat sur la situation des sans-papiers en France. Une situation à propos de laquelle plusieurs associations ont alerté les plus hautes autorités françaises, en vain. Il en est ainsi du Mouvement citoyen algérien en France, le MCAF, que préside Omar Aït Mokhtar. Cette organisation avait adressé un courrier à Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, le 18 février 2014, dans lequel elle attirait son attention sur cette question délicate, véritable bombe à retardement qui concerne aussi bien la France que l’Algérie. Le MCAF avait demandé une audience auprès du ministre de l’Intérieur pour lui exposer les difficultés rencontrées par les ressortissants algériens qui vivent en situation irrégulière sur le territoire français. La demande du MCAF, comme celles, vraisemblablement, de toutes les autres associations, n’a pas eu d’écho, sinon la très protocolaire et courtoise réponse du chef de cabinet Sébastien Gros qui s’excusait du fait que le ministre de l’Intérieur ne pouvait recevoir le président du MCAF «compte tenu de son emploi du temps chargé». Le chef de cabinet de Manuel Valls n’a pas nié l’importance du sujet et a donc invité son correspondant à prendre attache avec un autre responsable à l’hôtel de Beauvau, «vu l'importance de l'objet de la requête». La mission d’écouter le représentant des Algériens de France fut alors confiée au conseiller du ministre de l’Intérieur sur les questions de l’immigration, Raphaël Sodini. Rendez-vous serait donc pris pour la prochaine rentrée sociale, a-t-on appris. Entre la demande d’audience et l’accord pour une rencontre avec un collaborateur de Manuel Valls, sept mois se seront écoulés. Entretemps, le ministre de l’Intérieur a quitté Place Beauvau pour Matignon et un Algérien de 51 ans a rendu l’âme alors que la police le reconduisait à la frontière. On ne connaît pas, pour l’instant, les causes réelles de sa mort – on parle d’un infarctus du myocarde –, mais une enquête en cours devrait déterminer les causes de ce malaise fatal : la victime a-t-elle été brutalisée lors de son transfert à l’aéroport ? Le décès suspect de cet Algérien n’a suscité aucune réaction officielle en Algérie. Sa mort, qui ne semble pas choquer outre mesure l’opinion publique algérienne, en Algérie comme en France, va-t-elle enfin faire bouger les autorités des deux pays pour se pencher sur le cas de ces dizaines de milliers d’Algériens qui ont fui le pays pour vivre dans l’humiliante clandestinité en France ?
Karim Bouali
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