Le «nettoyage administratif» de Bouteflika
Usant et abusant du pouvoir de nomination des cadres de la nation que lui confère la Constitution algérienne, qu'il n'a cessé de violer depuis 1999 pour la soumettre à sa dérive dictatoriale, le président Abdelaziz Bouteflika chasse, limoge, évince, démet et dégomme à tour de bras ceux et celles qui ne font pas partie de son clan de prédateurs cupides et obstinés, et nomme massivement les siens aux postes et fonctions sensibles et stratégiques de l'Etat, tous secteurs confondus. A tel point qu'un parti politique, en l’occurrence le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a qualifié le clan de Bouteflika de «clan de Tikrit»*. Cette perversion grave du pouvoir de nomination, mis au service exclusif d'un clan, qui a pris en otage voire même privatisé les différentes institutions de l'Etat algérien, est dangereuse et grosse de tous les risques pour la cohésion, la stabilité, la sécurité et l'unité nationales. En effet, pour ne pas rendre compte les abus, méfaits et forfaits graves commis depuis 1999, les aventuriers du clan présidentiel n'ont pas trouvé mieux que de se livrer à une fuite en avant suicidaire et d'opérer un véritable «nettoyage administratif» contre les cadres du pays qui refusent de se soumettre à leur volonté prédatrice, dans tous les secteurs d'activité, et qui n'ont pas suivi l'exemple des milliers de cadres qui ont fui le pays depuis 1999 à cause du chômage chronique, qui frappe la majorité des jeunes Algériens , devenus la proie facile de maux et des fléaux sociaux. B En tout état de cause, la discrimination pratiquée tous azimuts par les aventuriers du clan présidentiel a accentué leur isolement sur le plan interne où ils sont mis en quarantaine par les partis et personnalités politiques et de la société civile, et surtout par le peuple algérien qui boude systématiquement les mascarades électorales qu'ils organisent.
Rabah Toubal
*Tikrit : ville natale de Saddam Hussein, d'où étaient originaires la majorité des dirigeants de l'Irak.