Près de la moitié des travailleurs algériens sans couverture sociale
Prééminence de l’emploi précaire et manque flagrant de couverture sociale. Ce sont là les deux principales conclusions de l’enquête annuelle sur l'emploi menée par l’Office national des statistiques (ONS) dont les résultats viennent d’être rendus publics sur le portail électronique de l’organisme. L’enquête Emploi 2013, menée auprès d’un échantillon de 21 502 ménages répartis sur le territoire national, fait ressortir que 42,4 % des occupés, soit 4 755 000, ont déclaré ne pas être affilié au régime de sécurité sociale, en augmentation aussi bien en volume qu’en structure par rapport à septembre 2012 (respectivement 4 249 000 et 41,8%). Un résultat qui vient démontrer, une nouvelle fois, si besoin est, la nature précaire de l’emploi en Algérie. Au-delà de ce constat, la question qui se pose a trait aux dispositifs de contrôle étatiques, en l’occurrence l’Inspection du travail dépendant du ministère du Travail, censés combattre ce qui considéré comme un travail au noir puisque non déclaré à la sécurité sociale. Ainsi, près de la moitié des travailleurs en Algérie ne sont pas déclarés à la sécurité sociale. Pourtant, la loi oblige tout employeur à souscrire une couverture sociale pour ses travailleurs. Visiblement, l’Etat est totalement absent sur ce terrain. Pour revenir aux résultats de l’enquête, l’ONS précise que l’emploi non affilié, ventilé par sexe, est moins présent auprès des femmes où il ne représente que 27,7% de l’emploi féminin total, alors qu’il constitue 45,6% de la main d’œuvre masculine totale. Ventilés selon la situation dans la profession, 73,9% des indépendants, la quasi-totalité des aides familiaux, 59,6% des salariés non permanents et 27% des employeurs ne sont pas affiliés au régime de la sécurité sociale. D’après les résultats de l’enquête, la non-affiliation à la sécurité sociale semble affecter l’ensemble des secteurs d’activité économiques du secteur privé, 72,1% de l’emploi total dans ce secteur. Cependant, certaines branches sont touchées davantage que d’autres, notamment l’agriculture (85,3%), le secteur du BTP (75,6%), le commerce (63,7%), le transport (42,9%) et les industries manufacturières (41,6%). Quant au profil des non-affiliés, il s’agit, selon l’ONS, d’une population essentiellement jeune et sans qualification. En effet, 88,2% des jeunes âgés entre 15 et 24 ans travaillant dans le secteur privé ne sont pas affiliés à la sécurité sociale, cette part régresse à mesure que s’élève l’âge pour atteindre 60,9% chez les occupés âgés de 55 ans et plus. Trois occupés sur quatre travaillant dans le privé et qui n’ont aucun diplôme ne sont pas affiliés, cette part baisse à 64,2% chez les diplômés de la formation professionnelle, et chute davantage auprès des diplômés de l’enseignement supérieur pour ne former que 31,2%.
Amine Sadek