L’islam politique ou comment détruire l’islam de l’intérieur (III)
A l’époque de Moubarak, les Frères musulmans étaient tout à fait d’accord sur ce qui a était appelé «etawrith» ou l’héritage concernant la prise du pouvoir par le fils de Moubarak, Djamel. Ils l’ont même déclaré officiellement par la bouche de leur avant-dernier guide Mehdi Akef, qui a dit plus tard, lors d’une émission télévisée, «Toz fi Masr», c’est-à-dire : au diable l’Egypte. Ainsi que par la bouche de leur dernier guide Mohamed Badie, qui était clairement favorable à l’élection de Djamel Moubarak. D’ailleurs, il a déclaré après être intronisé guide en 2010 : «Les Frères musulmans sont plus sensés que de penser aux élections présidentielles.» Le comble de la duplicité chez ses énergumènes opportunistes est qu’ils ont tous, sans exception, déclaré officiellement sur les chaînes de télévision, et dans la presse, qu’ils ne se lanceront absolument pas dans les élections présidentielles, et qu’ils n’ont aucun candidat, pourtant… A cette époque, l’un des fondateurs des groupes djihadistes, le légendaire Nabil Naem, qui a quitté Al-Qaïda et dissous les groupes sous son commandement après les révisions, n’a pas cessé de mettre en garde le peuple égyptien contre les Frères musulmans. Il a dit clairement que le peuple égyptien regrettera le choix des Frères avant les élections qu’ils ont gagnées. Au cours de la révolution contre Moubarak, des négociations secrètes était menées avec le chef des services secrets égyptien, Omar Souleimen, pour libérer Khayret Echater, leur favori pour les présidentielles auxquelles ils étaient censés ne pas y participer, et pour la libération d’autres détenus. Khayret Echater était l’architecte du projet «ennahda» ou la relance «selon les FM» qui se sont empressés par la suite de démentir. Un projet qui fit beaucoup parler de lui, et qui fit couler beaucoup d’encre alors qu’il n’existait absolument pas, ni sur papier ni sur rien du tout, c’était juste un slogan trompeur pour gagner du temps et se maintenir au pouvoir. Khayret Echater, qui était à ses débuts un militant communiste, et qui a rejoint la confrérie un peu plus tard, est un homme charismatique et pragmatique. Il a réussi à gravir les échelons de la confrérie très rapidement, il s’est occupé dès le départ du côté financier et des affaires. Il a été impliqué dans des affaires scabreuses, la société Salsabil entre autres, qui le menèrent devant la justice. Il a même utilisé l’argent des contributions des membres du parti des Frères musulmans, ainsi que les dons reçus, pour les investir dans des affaires qui restent jusqu’à aujourd’hui louches, selon le témoignage de l’un des anciens responsables des FM qui les a quittés. Il avait d’excellente relation avec un des FM et homme d’affaires résidant en Angleterre qui possède une grande société du bâtiment. Il a été le lien incontournable dans toutes les discussions, tractations et négociations entre les Frères musulmans et les Etats-Unis, avant, pendant et après leur victoire aux présidentielles, même le sénateur Mac Cain le voulait comme interlocuteur privilégié. 1,5 milliard de dollars a été alloué par l’administration américaine pour soutenir les FM afin qu’ils arrivent au pouvoir à la fin de l’ère de Moubarak. Ceci n’est pas une accusation, mais l’ensemble des déclarations des Américains du Sénat et du Congrès, ainsi que celles des membres influents des FM eux-mêmes, tels que Khayret Echater en personne. Ce financement fut sévèrement critiqué au début par les néoconservateurs pro-sionistes lors des hémicycles, mais très vite, les attaques et les critiques diminuèrent à la suite de la victoire des Frères musulmans aux présidentielles, «le premier investissement a été fructueux, il a porté ses fruits». La raison de cette accalmie est toute simple, le rêve des sionistes allait enfin aboutir, car un Etat islamique venait de naître juste à côté de la Palestine qu’ils occupent. Rien ne pourrait empêcher les sionistes de faire dégager l’ensemble de Palestiniens sous prétexte que leur Etat est d’essence juive comme leur voisin est essentiellement musulman. Par conséquent, l’Egypte, qui est devenue un pays islamique, constitue une grande menace réelle à l’intérieur de cet Etat fantoche par le biais des Palestiniens, sans oublier le Hamas qui est le prolongement des Frères musulmans, «cela peut paraître invraisemblable, mais les faits sont têtus». Pour comprendre les Frères musulmans, il faut faire table rase du nombre de leurs partisans et se concentrer sur l’histoire, ainsi que le parcours de leurs leaders depuis la fondation de cette confrérie. C’est de cette façon qu’on commencera à voir clairement la véritable origine de cette confrérie qui se couvre de l’islam en vue d’arriver à des objectifs bien précis, tracés bien longtemps par d’autres, qui ne sont pas musulmans et n’appartiennent à aucune des trois religions monothéistes, c’est-à-dire les francs-maçons dont la capitale mondiale aujourd’hui n’est autre que Washington. Après la victoire des FM aux présidentielles, et pour faire oublier le scandale du fameux projet fictif «ennahda» et les crimes commis par ceux qu’il a libérés des prisons et laissé s’installer au Sinaï, ainsi que les scandales de la nomination d’anciens terroristes comme gouverneurs et dans certains postes clés du gouvernement, etc., Morsi concentra ses discours sur le djihad en Syrie, et alla même jusqu’à faire un meeting dans un stade, accompagné par les plus grands terroristes égyptiens, pour déclarer la rupture des liens avec l’Etat syrien sous les cris de ferveur de l’assistance qui constitue une future chair à canon bon marché. Entre-temps, des négociations secrètes ont abouti entre Khayret Echater et l’administration américaine (c’est-à-dire l’Aipac) pour la vente de 600 km2 du Sinaï, soit 40%, pour la somme de 8 milliards de dollars. Somme que le Congrès américain exigea d’Obama et Kerry de faire restituer des FM après la chute de Morsi et sa confrérie : le deuxième investissement américain en Egypte avait foiré. Cette parcelle du Sinaï était destinée à transférer une grande partie des Ghazaouis, afin que Ghaza devient comme Haifa, une colonie sioniste avec quelques Palestiniens, tandis que le Hamas s’installera confortablement, pour secourir ses «frères» en Egypte au cas où. C’était un projet tout bénef pour les sionistes. Khayret Echater s’était arrangé avec son ami de Londres qui allait s’occuper de la construction d’un million d’unités d’habitation dans cette zone, le plan prévoyait aussi la construction d’un port et un aéroport. L’un de généraux chargé du dossier du terrorisme en Egypte affirma en direct sur une chaîne TV égyptienne qu’au moment où ses agents surveillaient la ligne d’un des énergumènes appartenant à Al-Qaïda, il entendit et enregistra la conversation entre Morsi et Al-Zawahri, chef d’Al-Qaïda. L’animatrice lui demanda s’il avait le droit d’espionner la ligne du Président, il lui répondit : «On n’espionne pas la ligne du Président, mais celle d’un terroriste, et nous avons surpris le président Morsi parler sur cette ligne avec Al-Zawahri et l’appeler ya amir el mouminine en lui demandant d’envoyer des éléments dans le Sinaï.» Dire que cette confrérie n’a de l’islam que le nom et l’apparence n’est en rien une insulte envers les musulmans (dont je fais partie) ni envers l’islam qu’ils ont entaché par leurs sanglants et noirs exploits. Ne pas dire la vérité sur cette confrérie ainsi que ses autres dérivés serait un crime envers l’humanité, et un crime envers l’islam en tant que religion. Ne rien faire pour barrer la route à ce qui est appelé injustement «l’islam politique» dont le père «spirituel» était Abdelwahab le Saoudien, alors que le fondateur réel était Abou Ala El-Mawdoudi, le Pakistanais, suivi par son fervent admirateur Sayed Qotb, l’Egyptien, est un acte d’assentiment et de complicité même s’il n’y a pas eu de participation effective. L’islam politique est une verrue sur le beau visage de l’islam authentique, j’espère que ce modeste résumé sur l’histoire des Frères musulmans pourra éclairer certains sur certains points de l’amalgame entre l’islam et l’islamisme créé par ceux-là mêmes qui ont créé les Frères musulmans, et entretenu par les légions de ceux qui croient encore qu’ils/elles ont la science/connaissance infuse. Oubliant que l’islam se défend très bien tous seul pour ceux et celles qui savent ce que parler veut dire, et Dieu merci, «hamdoulilah», ces derniers/dernières sont de plus en plus nombreux /nombreuses dans ce monde des épreuves qui nous sert un instant d’asile.
Karim Sansous