La nomination de Miloud Chorfi au poste de conseiller de Bensalah provoque une crise au RND
Le Rassemblement national démocratique (RND) connaît une nouvelle crise interne. La récente nomination de Miloud Chorfi comme conseiller du secrétaire général du parti, Abdelkader Bensalah, sème la colère au sein des structures de cette formation politique qui est sortie d’une grave crise il y a moins d’une année. La décision de Bensalah a été très mal accueillie par un bon nombre de cadres du RND, a-t-on appris de sources internes au parti, selon lesquelles des membres du bureau national se sont élevés contre cette nomination qui n’a pas eu leur consentement. La décision de Bensalah est qualifiée pour le moins étrange, sinon contraire à la «ligne innovatrice» suivie par le RND depuis son 4e congrès. La déchéance de Miloud Chorfi de son poste de président du groupe parlementaire au début du mois a été interprétée comme l’amorce de profonds changements au sein du parti en mettant graduellement à l’écart tous ceux qui ont trempé dans l’affairisme. L’arrivée de Chorfi au cabinet de Bensalah en tant que conseiller fausse totalement la donne et suscite l’ire de ces cadres qui y voient une «prime» à ceux qui se servent du sigle à des fins personnelles et qui s’emploient par tous les moyens à amasser rapidement beaucoup d’argent. Miloud Chorfi, qui est resté longtemps porte-parole du RND et président du groupe parlementaire, a su en tirer profit au maximum. Cet homme, ancien journaliste arabophone, a pu éditer le journal El-Adjwaa à travers lequel il a bénéficié d’importants transferts de fonds sous forme de publicité institutionnelle distribuée via l’Anep. Malgré les révélations d’Algeriepatriotique sur ce sujet, Miloud Chorfi, visiblement bien protégé, a pu lancer une chaîne de télévision privée avec l’argent récolté par son journal, quasi inexistant dans les kiosques. Son écartement de la présidence du groupe parlementaire pourrait avoir une relation avec l’enquête que les services de sécurité mènent sur le détournement de plusieurs centaines de milliards de centimes par le journal El-Adjwaa dont il nie être le propriétaire. Ainsi, des cadres au RND ne comprennent pas le sens de sa nomination comme conseiller du SG. Et ce qui semble attiser leur colère, c’est le fait que cela intervienne au moment où au FLN, un autre parti gangréné par l’argent facile, «on commence à donner un coup de balai» en écartant, entre autres, le grand affairiste de Tébessa, Mohamed Djemaâ, de la vice-présidence de l’APN. Ces mêmes cadres se demandent en quoi sera utile Miloud Chorfi pour Abdelkader Bensalah. Nos sources mettent en avant ses «limites intellectuelles» qui devraient le disqualifier pour occuper un tel poste. Et ces cadres semblent décidés à mettre œuvre tous les moyens pour convaincre Bensalah de revenir sur sa décision. Dans le cas contraire, la crise qui vient de naître risque de prendre de l’ampleur.
Sonia Baker