Une compagnie américaine va piller les gisements pétroliers du Sahara Occidental occupé
La compagnie pétrolière américaine Kosmos Energy s’apprête, dans les prochaines semaines, à forer un puits test au Sahara Occidental occupé par le Maroc. Les Sahraouis qui endurent déjà le pillage de leurs ressources halieutiques, suite à l’accord sur la pêche conclu avec l’Union européenne en 2013, s’opposent fermement à ce projet de forage pétrolier qu’ils dénoncent comme étant illégal. Plusieurs manifestations sahraouies sont organisées pour dénoncer ce pillage. Le 14 octobre dernier, ce sont les femmes sahraouies qui sont descendues dans la rue pour manifester contre le forage pétrolier annoncé de Kosmos Energy au Sahara Occidental occupé. «L'ONU a déclaré que l'exploration pétrolière dans le territoire serait illégale si les Sahraouis n'y consentaient pas», dénonçaient-elles. Cité par le site Western Sahara Resource Watch, Hans Corell, ancien conseiller juridique de l'ONU, a estimé, pour sa part, à ce propos, que «le forage pétrolier est illégal sans le consentement sahraoui». Alors que Kosmos Energy affirme que son exploration pétrolière est en accord avec l'ONU, suite à un avis juridique émis en 2002, Hans Corell affirme, dans une interview publiée par le Centre régional d'information des Nations unies pour l'Europe occidentale (CNRIC), que le forage est illégal si l'entreprise n'a pas réussi à obtenir le consentement du peuple sahraoui. Selon Western Sahara Resource Watch, «si Kosmos Energy poursuit son projet, elle deviendra la première compagnie à entreprendre un forage pétrolier au Sahara Occidental occupé, par le biais d'un accord avec le régime d'occupation marocain, alors que plusieurs autres compagnies pétrolières se sont retirées du territoire sous la pression internationale». Il est à savoir que la plate-forme de forage affrétée par Kosmos Energy, l’Atwood Achiever, a été construite en Corée du Sud et s'achemine lentement vers les eaux occupées, en passant le long de la côte de l'Afrique australe. En 2002, Hans Corell, alors conseiller juridique des Nations unies, avait adressé une lettre au Conseil de sécurité, affirmant que «si les activités d’exploration et d’exploitation devaient se poursuivre sans tenir compte des intérêts et des vœux exprimés par le peuple sahraoui, elles contreviendraient aux principes juridiques internationaux qui régissent ce type d’activités dans les territoires non autonomes». Hans Corell a récemment déclaré : «Plus des ressources sont trouvées au Sahara Occidental et dans sa zone maritime, moins le Maroc aura de motivations pour respecter les résolutions de l'ONU et du droit international.» Un avis juridique de l'ONU stipule que la volonté et les intérêts du peuple sahraoui, comme peuple unique et originel du territoire, sont les deux exigences légales pour que toute exploration ou exploitation pétrolières aient lieu au Sahara Occidental. Le rapport montre que ces conditions ne sont pas réunies. Malgré cela, «Kosmos Energy a choisi de se rallier aux autorités marocaines et ne parle qu'avec les loyalistes marocains, pris dans une liste établie par l'administration marocaine, pour tenter de blanchir ses opérations dans des terres occupées», a déclaré Erik Hagen, président de Western Sahara Resource Watch. Kosmos Energy détient 55% d’un permis accordé par le gouvernement marocain pour le bloc dit Boujdour, situé au large du Sahara Occidental occupé par le Maroc depuis 1975.
Meriem Sassi