Le RCD répond à Gaïd-Salah et met en doute la neutralité de l’armée
Les dernières déclarations tenues dimanche dernier à l’Ecole des cadets de Béchar par le vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd-Salah, semblent avoir sorti de leurs gonds les responsables du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui interprète cette sortie médiatique comme une tentative d’immixtion de l’armée dans le champ politique. Pour le RCD, en assurant que «les élections ont été transparentes mais (que) certains mettent en doute leur crédibilité et tentent de mobiliser la rue», le chef de l’état-major exprime, selon le parti, «une volonté qui tendrait à interdire aux Algériens toute expression critique sur les fraudes électorales commises au nom du peuple». Le parti considère ainsi que le chef de l’état-major «franchit un seuil politique qui ne facilitera pas une décantation plus que jamais nécessaire». Le RCD s’élève, dans le même temps, contre les critiques exprimées par Gaïd-Salah contre l’opposition suite aux rencontres organisées récemment avec des représentants de l’Union européenne. «Les allusions suggérant que les contacts de l’opposition avec les instances internationales sont des menaces potentielles pour la nation peuvent être entendues comme un désaveu de la neutralité politique affichée par l’armée», estime le RCD qui rappelle qu’«on ne croit pas savoir que l’ANP (ait), à un moment ou un autre, relevé, déploré et, encore moins, stigmatisé les partis du pouvoir quand ils reçoivent ou rendent visite à des institutions étrangères». Pour le RCD, «cette partialité ne contribue pas à la nécessaire clarification des missions et des rôles de chacun dans une période où la transparence et la sérénité s’imposent à tous». Le parti met en évidence ce qu’il considère comme des contradictions du premier responsable de l’armée dans ses appréciations des évènements qui secouent le champ politique dans le pays. En effet, selon le RCD, «ce n’est pas la première fois que le vice-ministre de la Défense et chef de l’état-major de l’ANP sort de sa réserve pour formuler des orientations sur ce que doit être la parole et l’action politiques». «Pourtant, insiste le RCD, ce responsable ou ceux qui s’expriment au nom de l’armée tiennent à rappeler régulièrement que cette dernière est une institution républicaine qui s’interdit toute immixtion dans le champ politique national». Le parti note que «les Algériens se rappellent de la vive réaction opposée au défunt Mohamed Mechati quand ce militant de la première heure avait invité l’institution militaire à prendre ses responsabilités face aux dépassements d’un chef de l’Etat dont il estimait qu’elle était à l’origine de son rappel et de son maintien au pouvoir». Le RCD explique, dans son communiqué, que sa position est motivée par le souci d’«assurer au pays une évolution aussi apaisée que possible, œuvre à rendre visibles les positions de chaque catégorie de la nation au moment où les tensions géopolitiques régionales peuvent aspirer notre potentiel de défense dans des conflits inextricables et où les contractions des ressources nationales avec les désordres sociaux qu’elles engendrent invitent à l’écoute et la lucidité». Car, pour lui, «il y va de la cohésion de l’armée et de l’avenir du pays».
A. Sadek