La France dédommage les victimes du régime de Vichy et ignore les «cobayes» algériens de Reggane

La France a encore une fois démontré toute la considération qu’elle a pour l’Algérie, souvent présentée comme l’un de ses plus importants partenaires. Cette « haute considération» est reflétée par le traitement réservé aux victimes des essais nucléaires français au Sud algérien durant la colonisation et bien après. En effet, l’examen de ce dossier a été renvoyé tout simplement à 2015. Dans le communiqué conjoint sanctionnant la visite du Premier ministre Abdelmalek Sellal en France, il est dit que «les deux parties sont convenues que le groupe de travail mixte pour échanger sur les conditions de présentation des dossiers d’indemnisation par les victimes algériennes des essais nucléaires français au Sahara ou leurs ayants droit, se réunira avant la fin du premier trimestre 2015». L’Algérie, qui a donné de nombreux marchés aux groupes économiques français, ne semble avoir rien obtenu en contrepartie. Du moins, pas grand-chose. Et même cette question d’indemnisation des victimes des essais nucléaires en discussion depuis de longues années devra encore attendre plusieurs mois sans avoir la certitude que la France va signer le chèque. Cela au moment où d’autres nations, ayant subi beaucoup moins de dommages, se font indemniser à coup de dizaines de millions d’euros. D’ailleurs, au lendemain de la visite de Sellal, l’Etat français a versé 60 millions de dollars aux victimes américaines et israéliennes acheminées par les trains de la SNCF vers les camps nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Un accord en ce sens sera signé le 8 décembre entre la France et les Etats-Unis pour créer un fonds qui sera carrément géré par Washington. Cet accord concerne des centaines de survivants, des conjoints, enfants et héritiers. Au total, quelques milliers de personnes. Mieux encore, les déportés survivants vont toucher environ 100 000 dollars. Avant la création de ce fonds, des accords bilatéraux ont été signés avec le Royaume-Uni, la Belgique et la Pologne, dont les victimes de la Seconde Guerre mondiale ont été déjà indemnisées. Et pas un sou pour les Algériens ! Le pire est que la France a commis de crimes coloniaux beaucoup plus graves que les conséquences des essais nucléaires. Et elle hésite à régler ce petit dossier qui lui coûtera deux fois rien par rapport au véritable dédommagement qu’elle doit faire au profit des nombreuses victimes du système colonial. Pourquoi ? Parce que l’Algérie ne fait pas suffisamment de pression sur elle ? Ou est-ce une manière pour l’Etat français d’éviter que d’autres victimes du colonialisme réclament, à leur tour, des dédommagements ? En attendant, les Algériens se contenteront de subir la logorrhée diplomatique des responsables français tout en s’interrogeant sur le peu d’intransigeance des dirigeants algériens quand il s’agit de négocier pour avoir des réparations pour les victimes du système colonial et des acquis économiques. Quand les dirigeants des autres nations défendent bec et ongles les intérêts de leurs pays, les nôtres veillent plutôt à «rassurer» leurs homologues étrangers sur, entre autres, l’état de santé du Président.
Rafik Meddour
 

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