Dieudonné : bienvenue au pays des libertés
Interdire le rire, c’était une erreur. En s’acharnant à faire taire l’humoriste Dieudonné, les autorités françaises puisent dans le fonds liberticide des traditions de la France. Le problème pour Hollande, Valls et consorts, c’est que dans ces mêmes traditions, il y a également une dimension républicaine fortement ancrée, ce qui les oblige à trouver des motifs «légaux» à leur cabale contre l’humoriste. Quand l’accusation «raciste et antisémite» s’avère gratuite et infondée, ils placent le curseur de la censure sur «atteinte à la dignité humaine». Pour l’écrivain franco-marocain Jacob Cohen, «Dieudonné est devenu un danger mortel pour l’establishment». Selon lui, «Dieudonné est le seul artiste qui défie le système depuis dix ans. Il a du talent et fait beaucoup rire. Il fait passer des messages que le système, avec tous ses moyens, aurait voulu contrôler ou occulter. Malgré un boycott décidé en haut lieu, Dieudonné est de plus en plus populaire. Autre raison de politique intérieure. Le combat contre le racisme fait passer au second plan les problèmes sociaux et économiques». Il n’y a qu’à lire par ailleurs l’article de Janine Di Giovanni, publié dans le magazine américain Newsweek, qui est un véritable réquisitoire sur le déclin de la politique française depuis l’arrivée de François Hollande, intitulé «The fall Of France» (la chute de la France) et qui a provoqué une grande polémique en France, suscitant ainsi d’innombrables réactions consternées de la classe politique française et des médias. Avec l’affaire Dieudonné, nous assistons à une véritable atteinte à la liberté d'expression et un déni des valeurs républicaines en France qui indiquent que la puissance du lobby sioniste semble avoir encore de beaux jours devant elle… Même du temps de Sarkozy, on n’aura pas vu cela. Le zèle de Valls dépasse tout entendement. Un intellectuel algérien, Djamel Labidi, a publié, il y a quelque temps, un plaidoyer en faveur de Dieudonné, écrivant notamment qu’«en France, une campagne d'une violence inouïe a été menée contre l'humoriste Dieudonné». On peut interdire le rire dans des salles de spectacles, mais pas sur Internet ou sous d’autres cieux. L’humoriste allait produire son spectacle «Le Mur» dans sa nouvelle version en Algérie, mais n’a toutefois pas précisé quand le spectacle sera enregistré, ni s’il a obtenu les autorisations nécessaires à cet effet. Mais qu’il sache, il est le bienvenu au pays de la liberté d’expression et des libertés individuelles. Le vent a tourné et la France jadis pays des droits de l’Homme s’achemine tout droit vers une dictature qui n’a pas de nom. La société française est en train de changer en profondeur. Les jeunes et les étudiants sont de moins en moins dupes. Cette soi-disant affaire «d’apologie de terrorisme», pour avoir prononcé une phrase : «Je me sens Charlie-Coulibaly», dont est poursuivi aujourd’hui Dieudonné, pourrait à terme se retourner contre ses inspirateurs. Pour rappel, l’acte de censure contre Dieudonné n’est pas sans précédent d’ailleurs. En 1957, en pleine guerre de Libération nationale, la France avait interdit la chanson «Le déserteur» de Boris Vian, interprétée par Mouloudji. Cela n’a pas empêché l’insoumission de battre des records ni les gestes de solidarité à l’égard de la lutte pour l’indépendance. Ce sont sur ces traditions républicaines que Dieudonné s’appuie pour poursuivre son action et repousser les attaques des censeurs inspirées par le sionisme. Alors encore une fois bienvenue au pays des libertés. Salim Salim