Logements sociaux cédés illégalement : une enquête est ouverte
Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé qu’une opération de recensement des logements sociaux cédés illégalement en pas-de-porte par les bénéficiaires allait être enclenchée sur instruction du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Dans une intervention à l'Assemblée populaire nationale (APN), le ministre qui répondait à la question orale d'un député a parlé de «problème moral et juridique», estimant que 20% à 25% du nombre global des bénéficiaires initiaux des logements ont procédé à la vente de la clef des logements à de tierces personnes. Une infraction à la loi qui interdit ce genre de cession pour éviter la spéculation sur ces biens de l’Etat. Une interdiction qui n’a pas empêché des milliers de locataires ayant bénéficié de ces logements sociaux de les revendre au mépris de la loi au vu et au su parfois des bureaux des OPGI qui, par la proximité de leurs antennes placées à l’intérieur des cités, ne peuvent ignorer un tel trafic, mais surtout des notaires qui procèdent allégrement à ce genre de transactions entre les bénéficiaires initiaux et les acquéreurs, au mépris de la loi. Si certains bénéficiaires ont peut-être dû contourner la loi pour se rapprocher d’un lieu de travail ou des établissements de leurs enfants, il faut dire que la majorité des cas entrent dans le cadre d’un trafic auquel se sont adonnés des bénéficiaires ayant, dans le début des années 2000, pu profiter des largesses de la wilaya, notamment, et de leurs connaissances ou liens de parenté pour obtenir un logement dont ils n’avaient nullement besoin et qu’ils ont vite revendu. Dans certains cas, près de 80% des logements attribués dans une cité ont été revendus dans l’année qui a suivi l’attribution. A Alger, des bénéficiaires originaires d’autres wilayas sont nombreux à avoir obtenu des appartements qu’ils ont revendus rapidement. Le ministre de l’Habitat a averti que la régularisation de ces biens immobiliers n'est pas possible actuellement, car il s'agit de pratiques «illégales», a-t-il dit, sans exclure la possibilité pour cette catégorie de bénéficier d'autres formules de logement social. Il est à rappeler que le ministère de l'Habitat avait lancé, l'année dernière, la vente des logements des OPGI, mis en exploitation avant 2004, au profit de leurs locataires, avec l'application d'avantages liés au prix et aux délais de paiement. Le nombre de logements concernés par cette opération s'élève à près de 571 000 unités, cédées par l'Etat au profit de leurs locataires à des prix très bas. A cet effet, le prix de référence du mètre carré a été fixé à 12 000 DA, en prenant compte du lieu du logement, sachant que le prix de cession des logements à Alger varie entre 900 000 et 950 000 DA avec déduction des loyers payés par le bénéficiaire. Par ailleurs, le ministère de l'Habitat avait, entre 2003 et 2010, permis aux locataires de l'OPGI d'acquérir leurs logements, mais cette opération avait échoué, en raison du prix élevé des logements.
Meriem Sassi
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