Quand la France jugeait Roger Garaudy pour avoir remis en cause les chiffres de l’Holocauste
Drôle de démocratie ! En France, la conception de la liberté d’expression, qui tolère que l’on s’attaque à une religion quand il s’agit de l’islam et que l’on refuse à Dieudonné le droit d’avoir une opinion qui sort de la pensée unique qui règne dans ce pays, a une longue histoire. Des observateurs particulièrement méticuleux et qui ont surtout une bonne mémoire ont vite fait de rappeler le sort qui a été fait à Roger Garaudy pour avoir écrit Les mythes fondateurs de la politique israélienne. C’était en 1995, il y a une vingtaine d’années. Roger Garaudy avait été condamné en 1998 à 120 000 francs d'amende pour «contestation de crimes contre l'humanité». Il n’y en avait que pour cet intellectuel dans les titres du Monde : «Garaudy négationniste» ; «Des intellectuels arabes répliquent à Garaudy» ; « (…) les aberrations négationnistes de Garaudy», etc. Il était accusé de s’être «approprié», dans son livre, «les thèses révisionnistes de Robert Faurisson». Roger Garaudy, un intellectuel juif et ancien communiste qui s’était converti à l'islam depuis plusieurs années déjà, n’avait fait que critiquer la politique israélienne, et, au passage, remis en question l'existence de chambres à gaz dans les camps nazis. Mais ce qui avait été reproché à Garaudy, c’était surtout sa dénonciation de la politique colonialiste et raciste d’Israël et le fait que l’entité sioniste bénéficie de l’impunité sous couvert de la Shoah. C’est cela qui est absolument interdit en France et c’est pour cela qu’il a été jugé. Cette position courageuse avait valu à Garaudy, à l’époque, le soutien de l'abbé Pierre, une personnalité qui figurait parmi les plus populaires auprès des Français, et qui critiquait, lui aussi, la politique israélienne, qu'il jugeait «suicidaire». Roger Garaudy, qui est mort le 13 juin 2012 à l’âge de 98 ans, était pourtant une personnalité française remarquable : ancien combattant, Croix de guerre 1939-1945, résistant médaillé de la déportation et de l'internement, ancien député communiste, agrégé de philosophie, docteur ès lettres, professeur des universités, juif antisioniste radical, protestant, chrétien, puis converti par défi à l'islam. Roger Garaudy avait déclaré être la cible du lobby sioniste international. Il a montré le lien entre l’invention de la Shoah et la création d'un Etat juif en Palestine. Il a démonté la thèse du génocide commis par les nazis contre les juifs, et a rejeté les thèses officielles soutenues par certains historiens. Pour Roger Garaudy, «le mot «extermination» est une fausse traduction désignant en fait l'expulsion des juifs apatrides dont aucune nation ne voulait à l'époque, ce qui est tout à fait exact. Il a soutenu que les juifs furent décimés par les maladies, dont le typhus, et que les crématoires servaient à brûler les cadavres infectés pour éviter la contamination. Il n'y aurait pas de témoins fiables de la Shoah. En 1995, il était interdit en France de développer cette version qualifiée de «négationniste». Ce que répétait inlassablement Roger Garaudy à propos du sionisme est extraordinairement vrai aujourd’hui : «A chaque fois que l'on attaque le sionisme, vous êtes antisémite, ce qui est d'ailleurs absurde, puisque nous sommes tous des sémites et moi aussi !» Un journaliste sénégalais a fait une liste, non exhaustive, des livres interdits en France, entre autres, Les protocoles des sages de Sion, La Question (1958) d’Henri Alleg, révélant les tortures pratiquées par l'armée française en Algérie, Les damnés de la terre (1961) de Frantz Fanon et Le grand secret (1996) du Dr Gubler, médecin de François Mitterrand. Il rappelle que la France est régulièrement condamnée par la Commission européenne des droits de l'Homme pour non-respect de la liberté d'expression.
Houari Achouri
Voir également : Roger Garaudy, l'intellectuel juif le plus contesté du XXe siècle