Conférence du consensus : l’échec non assumé du FFS
Cheval de bataille de la nouvelle direction du FFS issue du 5e congrès, la Conférence nationale du consensus (CNC) n’aura donc pas lieu, comme nous l’avions annoncé dans de précédents articles. Cette Conférence, que le FFS voulait comme un instrument pour se redéployer politiquement, a essuyé un refus à la fois de l’opposition et du pouvoir. En effet, l’opposition, regroupée au sein de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) et du Pôle des forces du changement, dirigé par Ali Benflis, a dès le début exprimé son rejet de cette démarche, vue comme une «manœuvre» visant à briser la «dynamique» suscitée par la conférence de l’opposition du 10 juin 2014. Les partis du pouvoir, à savoir le FLN et le RND, refusent de participer comme des formations lambda et exigent à avoir un droit de regard sur tout, de l’ordre du jour à l’organisation des interventions. Et même des formations nouvellement créées, comme le TAJ, dirigé par le ministre des Transports, Amar Ghoul, ou encore le MPA d’Amara Benyounès ont émis d’importantes réserves et des conditions pour leur participation. Ce rejet «consensuel» de la classe politique signifié à la démarche du FFS a contraint le parti à reporter la conférence sine die. Autrement dit, rien ne dit qu’elle se tiendra un jour. Tout dépendra du bon vouloir des formations du pouvoir qui semblent dicter la marche à suivre au plus vieux parti de l’opposition. En tout cas, il est clair que les formations regroupées dans la CLTD ne reviendront pas sur leur position et n’iront donc pas à cette conférence. Mais le FFS semble y croire encore. Il refuse, du moins de reconnaître l’échec de son initiative et d’en tirer les leçons pour passer à autre chose. Lors de son passage au Forum de Liberté, Mohamed Nebbou, premier secrétaire du plus vieux parti de l’opposition, justifie ce report sans date par une soi-disant avalanche de «demandes de participation à la Conférence nationale de consensus». Des demandes qui se font, chaque jour, plus nombreuses, au point, dit-il, de remettre en cause les délais de préparation et la proposition de date de la conférence pour les 23 et 24 février 2015. Le FFS, affirme Nebbou, va encore s’efforcer de lever les appréhensions, les malentendus et les mauvaises interprétations de sa démarche. Il y va donc de sa crédibilité en tant que force politique fortement engagée depuis 1963 dans le combat pour la démocratie. Une crédibilité qui a pris déjà un sérieux coup.
Sonia Baker