Dangers du gaz de schiste : un retour d’expérience américaine qui n’aidera pas Sonatrach
Le retour d’expérience américaine en matière de production de gaz de schiste dans l’Etat de Pennsylvanie a été au centre de la conférence-débat animée aujourd’hui au siège de Sonatrach par Thomas Murphy, directeur au Penn State Marcellus Center for Outreach and Reseach. Le conférencier a notamment révélé que sur «1,2 million de puits forés et exploités en Pennsylvanie, 40% auraient pu avoir un impact sur la santé, par le biais notamment de la remontée du méthane dans l’eau suite à l’utilisation de la fracturation hydraulique». Pour le conférencier, des progrès ont été enregistrés dans l’utilisation de la technologie et la diminution des produits chimiques utilisés pour la production de gaz de schiste, mais cela n’exclut pas totalement les risques sanitaires et environnementaux qui restent présents encore malgré les progrès réalisés. Thomas Murphy explique qu’il faut de ce fait jouer la carte de la transparence et de la communication ajustée et ciblée pour convaincre l’opinion publique et les opposants au gaz de schiste et changer leur perception du risque. Il estimera que le risque de contamination chimique des puits existe mais que cette probabilité s’amoindrit au fil des évolutions technologiques et des contrôles indépendants qui sont organisés sur les champs de production pour un suivi rigoureux. Il dira que ces contrôles, indépendants des instances politiques et des compagnies pétrolières, tranquillisent la population même s’il existe des opposants à ce genre de projets. Il fera remarquer que l’eau potable utilisée en Pennsylvanie est régulièrement contrôlée et analysée et que, jusqu’à présent, la population et les animaux, les puits ayant la particularité d’être dans des zones dédiées à l’agriculture, n’ont pas été contaminés par les produits chimiques utilisés. Il reste à faire remarquer que la conférence-débat scientifique américaine entrant dans la cadre de la stratégie de Sonatrach de vulgarisation du gaz de schiste et la tranquillisation des opposants aux futurs forages pourrait avoir un effet contraire car Thomas Murphy, qui a adopté une démarche purement technique et réaliste, n’a pas du tout masqué les risques sanitaires et environnementaux encourus en cas de forage pour l’extraction du gaz de schiste.
Meriem Sassi