Etablissement Presco d’Alger : un directeur au-dessus de la loi ?
Dans une pétition signée par plus de soixante travailleurs de Presco, établissement relevant de la wilaya d’Alger en charge de la gestion des crèches au niveau de la capitale, et adressée au wali, les signataires dénoncent un «préjudice moral et matériel causé par le directeur par intérim». Dans leur lettre de dénonciation à Abdelkader Zoukh, ces travailleurs reprochent à ce responsable intérimaire de prononcer des sanctions à tort et à travers, au gré de ses lubies, lui qui se targue, témoignent certains d’entre eux, d’être «fortement épaulé» et donc «libre de faire ce que bon lui semble». Dans cette pétition, il est question d’«abus de pouvoir avec harcèlement envers les travailleurs» et de «manœuvres» visant à «déstabiliser les cadres de l’entreprise». Les travailleurs protestataires s’inquiètent, par ailleurs, des «conditions de travail difficiles» qui se répercutent négativement sur le bien-être des enfants admis dans les différentes crèches d’Alger. Ils relèvent, notamment, «le non-respect des conditions d’hygiène, les horaires de travail non conformes à la réglementation, l’accueil des enfants dans de mauvaises conditions, l’absence de chauffage dans les classes», etc. Plus grave, ces travailleurs révèlent qu’un contrôle a été effectué récemment au niveau de la cuisine centrale de l’établissement, lequel s’est soldé par un «avis défavorable». Dans sa gestion à la hussarde, le directeur par intérim de Presco semble enfreindre une directive adressée par le wali d’Alger à tous les directeurs des établissements publics de wilaya relevant de son autorité, en date du 19 janvier 2015, dans laquelle il attire l’attention de ces directeurs sur «le nombre très important de conflits de travail individuels, sanctions disciplinaires et affaires introduites auprès des instances de justice, ainsi que le nombre de contentieux pendants et non encore tranchés». La pétition des travailleurs de Presco étant antérieure à la directive du wali, ce dernier pourrait avoir réagi suite à celle-ci. Abdelkader Zoukh appelle les responsables de ces structures à «se remettre en cause» et à «reconsidérer l’approche actuelle en matière de gestion des dossiers administratifs». Or, le directeur par intérim de Presco semble outrepasser cette sévère mise en garde du premier responsable de la wilaya, puisqu’il n’a pas hésité à envoyer deux travailleurs en prison – ils ont passé quinze jours au centre pénitentiaire d’El-Harrach et sont en voie de subir un licenciement abusif – pour asseoir sa suprématie et prouver à ses subordonnés qu’il est le seul maître à bord dans cet établissement et qu’il est capable du pire si jamais l’un d’entre eux osait le défier. Ce malaise au sein de Presco nuit au bon fonctionnement des crèches d’Alger et risque de s’aggraver si le wali ne met pas fin aux agissements autocratiques dénoncés par les travailleurs.
Lina S.
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