Des dizaines de pays et d’ONG boycottent la session de Crans Montana prévue à Dakhla
Des dizaines de pays et d'organisations internationales ont, d'ores et déjà, décidé de boycotter cette session «illégale et illégitime» du Forum de Crans Montana, «sur l'Afrique et la coopération Sud-Sud», prévue du 12 au 14 mars 2015 dans la ville occupée de Dakhla, au Sahara Occidental. L'Union européenne (UE) par la voix du président de la commission, Jean Claude Junker, et celle de la Haute Représentante pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, a confirmé officiellement sa décision de ne pas prendre part à cette initiative malvenue. Ceci, au moment où la directrice générale de l'Unesco, Irina Bukova, dont la présence à Dakhla est annoncée à grand renfort de propagande par les relais du Makhzen, vient de rejeter officiellement et sèchement les sollicitations pressantes de la chancellerie marocaine à Paris, ruinant ainsi les espoirs nourris par les organisateurs «d'exhiber» une institution aussi prestigieuse pour crédibiliser leur entreprise d'imposition du fait colonial. Il convient de rappeler que l’UE, dans toutes ses prises de position officielles, ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur les territoires sahraouis et ne reconnaît à ses forces d'occupation aucun statut de jure. L’UE considère le Sahara Occidental comme étant un territoire non autonome et le Maroc comme étant une simple puissance administrante de facto. Le boycott de l’UE rejoint celui du Parlement panafricain (PAP) qui a, lui également, refusé de participer à cette rencontre sur la base de la déclaration de l'Union africaine (UA) qui considère que cette conférence internationale est en contradiction avec les efforts fournis par la communauté internationale pour résoudre le conflit au Sahara Occidental et ne peut engendrer qu’«un climat de confrontation sur ce territoire». Le PAP a signifié cette décision à Jean-Paul Carteron, le directeur du Forum de Crans Montana dans une lettre qu’il lui a adressée le 23 février. Rappelons que, lors de son dernier sommet tenu en janvier à Addis Abeba, l'UA a lancé un appel aux pays membres, à la société civile et à toutes les organisations pour ne pas participer au Forum de Crans Montana, organisé à Dakhla en violation du droit international. Ces prises de position favorables à la lutte du peuple sahraoui sont en droite ligne du large mouvement de soutien à son droit à l’autodétermination, qui s’est exprimé en 2014, notamment à travers la résolution du Conseil de sécurité en avril 2014, appelant à œuvrer pour renforcer et protéger les droits humains au Sahara Occidental, y compris la liberté d'expression, la formation des associations. Après ces refus de l’UE et du PAP ainsi que de nombreuses autres organisations de cautionner une violation du droit international, et encore moins l’occupation marocaine du territoire sahraoui, l'Organisation internationale suisse Crans Montana devrait, comme le lui a demandé l’UA, annuler tout simplement cette session du Forum, qui ne bénéficie d’aucune légitimité ni légalité.
Houari Achouri