Condamnation de Rachid Aouine : la LADDH saisit l’ONU
Le tribunal d'El-Oued a condamné ce lundi le militant des droits de l’Homme Rachid Aouine à six mois de prison ferme, tandis que son camarade Abdelhamid Brahimi a bénéficié de la relaxe. Le verdict est tombé suite au procès intenté aux deux membres du comité de défense des droits des chômeurs de la wilaya d’El-Oued. Les deux militants étaient poursuivis pour incitation à attroupement en vertu de l'article 100 du code pénal, selon un communiqué de la LADDH envoyé à la rédaction. Le collectif des avocats de la LADDH, conduit par son président Me Nourredine Benissad, a soutenu lors du procès que les poursuites étaient infondées sur le plan juridique, que l'infraction de l'incitation à l'attroupement «est un résidu des années de plomb» et que cette législation répressive «est non conforme aux conventions internationales relatives aux droits de l'Homme et à la Constitution qui garantissent la liberté d’expression». Le collectif d'avocats considère qu'il «s'agit de poursuites pour délit d'opinion et que les défenseurs des droits de l'Homme ont droit à une protection». D'ores et déjà, avertit la LADDH, «le collectif des avocats va relever appel de la condamnation du défenseur des droits de l'Homme Rachid Aouine». La LADDH assure qu’elle restera «mobilisée pour la libération de Rachid Aouine et la défense des libertés, notamment d'expression et d'opinion». Les deux militants ont été arrêtés le 2 mars dernier, selon la LADDH, qui rappelle que «ces poursuites ont été engagées contre ces personnes pour leurs activités de défenseurs des droits de l'Homme». La Ligue, qui qualifie les poursuites judicaires d’«infondées », a saisit le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme, concernant «des cas de violation du droit de la défense des droits de l’Homme». La LADDH informe également que les défenseurs des droits des chômeurs, particulièrement dans le Sud algérien, «subissent une vague de pression sans précédent depuis plusieurs mois» et estime que «la majorité des procès à l’encontre de ces défenseurs des droits de l’Homme n’ont pas respecté le droit à un procès équitable». Elle demande au rapporteur spécial de l’ONU d’«intervenir auprès des autorités algériennes, Etat membre du Conseil des droits de l’Homme ayant ratifié la majorité des instruments pertinents de protection des droits de l’Homme, pour libérer ces défenseurs des droits de l’Homme et appeler les autorités à respecter le principe du droit à la protection des défenseurs des droits de l'Homme».
Meriem Sassi