Le procès Sonatrach I débute au tribunal d’Alger
Le procès de l’affaire Sonatrach I a débuté cet après-midi après le règlement de certains problèmes relatifs notamment à la composante du collectif de la défense. 19 accusés ont été présentés devant le tribunal d’Alger, dont l’ex-PDG Mohamed Meziane et ses deux enfants. Ils sont poursuivis notamment pour association de malfaiteurs, détournement de deniers publics, blanchiment et corruption dans le cadre de passations de marchés «de gré à gré» avec des compagnies étrangères contraires à la réglementation. L’affaire Sonatrach I concerne l’octroi de manière frauduleuse de cinq marchés par Sonatrach à quatre sociétés étrangères, dont l’italienne Saipem et l’allemande Funkwerk. L’un de ces marchés, accordé au Groupe allemand Contel Algérie Funkwerk Pletarc, est relatif à un projet d'acquisition d’équipements de télésurveillance et de protection électronique des complexes du groupe national à travers le pays. Le Groupe Sonatrach avait conclu un marché «frauduleux» avec Saipem Algeria pour la réalisation du gazoduc liant l'Algérie à l'Italie. Un autre dossier lié à ce procès concerne le marché de réfection de l’immeuble de Sonatrach, situé boulevard Ghermoul, attribué en infraction à la loi à l'entreprise allemande IMTECH. Ces marchés sont d’une valeur globale de 11 milliards de dinars. Sept des prévenus sont en détention. L’ouverture du procès a été marquée par deux demandes rejetées. La première est le report du procès, une demande formulée par la défense. La seconde demande est relative à la constitution du Trésor public comme partie civile. Le début du procès, qui se poursuit toujours au moment où nous mettons en ligne notre article, a été également marqué par quelques couacs d’ordre organisationnel tels que l’absence d’interprète pour le représentant de l’entreprise italienne Saïpem, mise en cause aussi dans cette affaire. Mohamed Meziane est soupçonné d’avoir donné le marché de la télésurveillance aux Allemands en contrepartie de commissions de 4 millions d'euros qui auraient servi à financer des cadeaux, dont un appartement à Paris offert à sa famille. Principal accusé, Mohamed Meziane est aussi soupçonné d'avoir favorisé la société italienne Saipem, filiale d'ENI, dans un contrat de 586 millions d'euros pour la réalisation d'un gazoduc entre l'Algérie et l'Italie. Cela parce que son fils travaille dans cette société comme conseiller du directeur de la filiale algérienne.
La séance levée en raison de l'absence de l'interprète d'italien
La séance du tribunal criminel près la cour d'Alger pour l'examen de l'affaire Sonatrach I était suspendue jusqu'à 16h 30 en raison de l'absence de l'interprète d'italien pour l'audition du représentant de Saipem. Le tribunal a convoqué des interprètes assermentés pour l'allemand, le français et l'italien afin de pouvoir auditionner toutes les parties impliquées dans cette affaire, mais l'interprète d'italien ne s'est pas présenté. Le procès a débuté à 14h, car les avocats des prévenus se sont prévalus auparavant de moyens de forme pour contester la constitution de partie civile par le Trésor public et invoquer l'extinction de l'action publique.
Report du procès, à la demande des avocats de la défense
Le procès entamé avec des vices de procédures a été reporté à la prochaine session criminelle, prévue au mois d’avril, a-t-on constaté. Le procès a été reporté à la demande des avocats de la défense, qui avaient réclamé la présence des 38 témoins de cette affaire. Ils s’étaient retirés, alors que le juge avait demandé à ce que ces témoins «soient amenés, même avec la force publique». Mokrane Aït Larbi, avocat d’un des accusés, a demandé lui la poursuite du procès, alors qu’une demande de liberté provisoire a été formulée par les avocats de la défense. Une demande refusée par le juge présidant ce procès, qui a drainé un grand nombre de journalistes pour sa couverture.
L’absence de témoins à l’origine du report du procès
L’absence de témoins importants du procès a été décisive dans le report à la prochaine session criminelle du tribunal d’Alger de cette affaire. Les avocats de la défense, qui avait récusé en début du procès que le Trésor public se constitue partie civile dans cette affaire, ont réclamé la présence de 38 témoins absents sur les 108 témoins de ce procès. Plusieurs avocats de la défense, dont Bourayou et Mokrane Aït Larbi, ainsi que Abdelmadjid Sellini, bâtonnier d’Alger, ont estimé que le procès ne peut se tenir en l’absence des témoins dans cette affaire. Parmi les 108 témoins dans cette affaire, le juge a notamment appelé Chakib Khelil, Farid Bejaoui et Reda Hamech, à l’étranger, ainsi que l’Ex-PDG de Sonatrach Zerguine Abdelmadjid, et l’actuel PDG par intérim du groupe Said Sahnoun.
Rafik Meddour et Agence