Les Tunisiens voyageant en Algérie soumis à de nouvelles mesures

Les Tunisiens qui voyagent en Algérie sont soumis à de nouvelles conditions de contrôle douanier. Selon une note adressée à l’ensemble des points de passage frontaliers, dont a fait aujourd’hui part le quotidien arabophone Echorouk, les Tunisiens sont astreints à de nouvelles conditions de change. Ainsi, les Tunisiens qui viennent pour le shopping ou acheter des marchandises doivent impérativement transférer leurs devises auprès des banques algériennes et d’en présenter les attestations aux services douaniers à l’entrée et à la sortie du territoire national. Cette mesure vise selon toute vraisemblance à assurer un meilleur contrôle des mouvements de devises entre les deux pays et à combattre le change parallèle qui prend de l’ampleur dans les zones frontalières où justement le dinar tunisien est utilisé dans les transactions commerciales. Le dinar tunisien reste d’ailleurs bien coté en Algérie. Il s’échange contre 50 DA algériens sur le marché officiel et 60 DA sur le marché parallèle à Tébessa, Souk Ahras, Annaba et El-Oued. Les nouvelles mesures semblent ainsi dictées par la conjoncture que traverse le pays. D’un côté, la chute brutale et continue des prix du pétrole et de l’autre côté la dépréciation du dinar algérien face aux monnaies fortes, mais aussi face aux monnaies des pays voisins comme la Tunisie et le Maroc. Elles sont également explicables par la volonté affichée par les pouvoirs publics de lutter contre le transfert illégal de devises et le blanchiment d’argent. Du côté tunisien, ces nouvelles mesures ne sont pas bien accueillies. Habitués à un mode de transfert traditionnel et surtout en vigueur depuis un demi-siècle, des Tunisiens, qui fréquentent en Algérie pour acheter des biens, ne cachent pas leur mécontentement quant à ces nouvelles mesures comme une forme de restreindre la mobilité des personnes et des marchandises entre les deux pays. Mais pour les spécialistes, le contrôle des transferts de devises à travers les pays est important pour la protection de l’économie nationale. Il faut s’attendre à des mesures de réciprocité de la part du gouvernement tunisien qui a déjà instauré une taxe d’entrée aux étrangers avant qu’elle soit supprimée pour les Maghrébins.
Rafik Meddour