Un discours qui confirme le malaise du pouvoir

Le message enveloppant le discours du président de la République, à l’occasion de la commémoration de la Fête de la victoire, montre les difficultés que rencontre le pouvoir depuis le début du 4e mandat. Bouteflika, cette fois-ci, étale le linge sale en public. «… Etant un fils de ce peuple (algérien) et pour avoir consacré ma vie à son service et partagé ses joies et ses peines, je me dois, en vertu du poste où il m’a volontairement placé, de vous parler en toute franchise et de vous dire combien je redoute la nocivité de ceux, d’entre nous, qui se sont laissés glisser sur la dangereuse pente de la politique de la «terre brûlée» dans le dessein d’arriver au pouvoir, même en mettant notre Etat en ruine et en marchant sur les cadavres des enfants de notre peuple.» Un discours qui commence à montrer la faiblesse du pouvoir, en s’attaquant directement à l’opposition, la traitant ainsi que la presse qui la soutient de prôner la politique de la «terre brûlée» pour arriver au pouvoir. Le message, lu par le conseiller de la présidence Benamar Zerhouni, en visite spéciale à Ghardaïa, est vite décortiqué par les observateurs, qui constatent aussi une certaine menace dans son dernier paragraphe : «Cet état de fait nous met dans l’extrême obligation d’user d’un surcroît de fermeté et de rigueur, pour défendre l’Etat. C’est un devoir constitutionnel, légal, légitime et moral qui ne peut souffrir ni report ni dérobade.» Les observateurs constatent que le dernier rassemblement de Ouargla qui a réuni un grand nombre de citoyens, de partis politiques et d’organisme des droits de l’Homme a touché la sensibilité du pouvoir qui a senti cette fois-ci la chaleur de l’opposition au 4e mandat. Ajoutons à cela la grève des enseignants déclenchée par le Cnapeste qui a failli faire sortir les dizaines de milliers d’élèves dans la rue. Tous ces événements ont coïncidé avec l’annonce du jugement de l’affaire Sonatrach et le bruit qui court sur une éventuelle non-poursuite de Chakib Khelil qui demeure libre à travers le monde, malgré l’intervention du tribunal italien qui a ciblé l’ancien ministre algérien et le neveu de l’ancien juge du TPI, Farid Bedjaoui. Les Algériens et les partis de l’opposition, pour une fois depuis l’indépendance, ont commencé à saper les fondations du pouvoir. «Ce n’est pas en restant neutre ou simple spectateur que les citoyennes et citoyens vont assurer la pérennité de cet Etat alors que d’aucuns sont, hélas, nombreux à se laisser aller, pour des motifs futiles, à commettre des actes de vilenie morale et d’incivilité totalement incompatibles avec les fondements et les constituants d’une citoyenneté authentique et responsable.» Le discours de Bouteflika va encore plus loin et pour la première fois sort de sa réserve en accusant l’opposition :« De pseudo-hommes politiques, soutenus par une presse qui n’a aucun souci de son éthique professionnelle, s’évertuent, matin et soir, à effrayer et démoraliser ce peuple, à saper sa confiance dans le présent et l’avenir, ce peuple qui n’a pas accordé, et n’accordera pas, de crédit à leurs sornettes». Là, remarquent les observateurs, si le peuple n’a pas accordé, et n’accordera pas, de crédit aux sornettes de pseudo-hommes politiques, pourquoi, donc, diffuser le discours? En conclusion, les observateurs attendent toujours la révision de la Constitution qui tarde à être soumise au peuple pour dire son mot et surtout pas devant une APN à majorité FLN-RND qui soutient inconditionnellement le pouvoir de Bouteflika. Là aussi, la majorité silencieuse aura son mot à dire.
Cheikh Hamdane
 

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