Comment le projet de libéralisation de la vente de boissons alcoolisées a été sabordé par les médias

Tout porte à croire que l’instruction adressée par le ministère du Commerce au Centre national du registre de commerce (CNRC), enjoignant de mettre fin à la demande d’autorisation préalable pour la vente en gros de boissons alcoolisées, n’aurait pas soulevé toute la tempête politico-médiatique qu’on a vue depuis durant plusieurs jours, et qui a fini par contraindre le gouvernement à y surseoir, si cette note n’a pas été ébruitée, dès le lendemain, par la presse. Il y a eu au début un seul média qui s’en est fait l’écho, avant d’être relayée par la masse de journaux pro-islamistes qui en ont fait leurs choux gras. Une occasion aussitôt saisie par des partis politiques et des activistes pour lancer des campagnes sur les réseaux sociaux pour l’interdiction de toute vente d’alcools en Algérie et appeler à des manifestations publiques qui, finalement, n’ont pas eu lieu après l’annonce faite par le Premier ministre de «geler» l’instruction. Encore une fois, Sellal n’a pas su trouver la meilleure formule pour maquiller un revers politique aux conséquences multiples. Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas pris toutes ses précautions avant de s’engager dans un projet aussi sensible ? Est-ce vrai que le ministre du Commerce n’a pas consulté au préalable son gouvernement sur cette affaire ? Difficile d’y croire. Qui a organisé la fuite de cette instruction interne qui était adressée au CNRC dès le mois de février alors que des milliers de nouveaux registres de commerce avaient été établis par ledit organisme en quelques jours, et dont les détenteurs n’attendaient qu’à entamer leur activité ? L’administration centrale est-elle à ce point noyautée par des éléments hostiles ? Il est clair que cette directive touchait à de gros intérêts : ceux de certains walis qui tirent des dividendes substantiels de la commercialisation de ce produit et qui ne voudraient pas perdre le sésame qu’ils détiennent. Mais les plus touchés sont les barons islamistes qui contrôlent une bonne partie du marché de gros et de l’informel en Algérie et qui forment un lobby solide. Selon nos sources, ces barons ont pesé de tout leur poids pour empêcher la libéralisation de la vente des boissons alcoolisées, un créneau très porteur qui leur échappe totalement. Pour ce, ils ont menacé de mobiliser la rue et d’aller encore plus loi dans leur entreprise de sabordage.
R. Mahmoudi
 

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