L’Algérie doit-elle boycotter la réunion des ministres de l’Intérieur de l’UMA prévue à Nouakchott ?
La capitale mauritanienne abritera, demain mardi, la cinquième session du Conseil des ministres de l’Intérieur de l’Union du Maghreb arabe (UMA) pour discuter des moyens à mettre en œuvre pour activer la coordination des pays de l’Union en matière de sécurité et de la lutte contre le terrorisme, la contrebande, l’immigration clandestine et la criminalité transfrontalière. L’Algérie n’a pas encore confirmé officiellement sa participation à cette session ordinaire. Mais il y a de fortes probabilités que Tayeb Belaïz ne s’y rende pas après le grave incident diplomatique qui a éclaté entre Alger et Nouakchott, provoqué par l’expulsion d’un diplomate algérien, accusé d’avoir «inspiré» un article traitant du trafic de drogue provenant du Maroc, et paru dans un journal local. Décision à laquelle le gouvernement algérien a appliqué le principe de réciprocité, en refoulant, lundi, le premier secrétaire de l’ambassade de Mauritanie à Alger, déclaré «persona non grata». Le gouvernement algérien, qui juge la décision prise par la partie mauritanienne «incompréhensible» et «injustifiée», avait attendu trois jours pour réagir. Nouakchott n’a entrepris aucune démarche dans le sens de l’apaisement. Au contraire, la presse progouvernementale mauritanienne était instruite d’alimenter la polémique autour de cet incident. Or, nombre d’observateurs avisés redoutent que la décision prise inopinément par le voisin du sud vise à entretenir un climat délétère dans le voisinage maghrébin au profit du Maroc qui déploie, depuis quelques mois, de grands efforts pour saborder les initiatives algériennes dans la région, à travers notamment les nombreuses et fructueuses médiations conduites par Alger pour résoudre les conflits malien et libyen. Il va sans dire que pour les observateurs maghrébins, la tenue d’une session du Conseil des ministres de l’Intérieur de l’UMA en l’absence de l’Algérie, pays pivot du Maghreb, serait tout simplement synonyme d’échec.
R. Mahmoudi
