Massacres du 8 Mai 45 : des milliers de personnes marchent à Sétif
Soixante-dix ans après, les massacres du 8 mai 1945 sont encore dans la mémoire collective des Algériens. Ainsi, des milliers de personnes ont marché aujourd’hui à Sétif contre l’oubli et pour la reconnaissance de ce crime d’Etat commis par le système colonial. Les manifestants ont pris le même itinéraire que celui de la procession pacifique sauvagement réprimée, le 8 mai 1945, par les forces armées coloniales. En première ligne du long cortège, les Scouts musulmans algériens (SMA). Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a participé, lui aussi, à cette imposante marche aux côtés des autorités locales, des responsables d’organisations des enfants de chouhada et de moudjahidine et de nombreux citoyens venus de différentes régions limitrophes pour marquer cette journée de «la mémoire». Un grand hommage a été rendu par les manifestants à Bouzid Saâl, premier martyr des massacres. Une gerbe de fleurs a été déposée devant sa stèle, dans une atmosphère lourde d'émotion. Bouzid Saâl, alors âgé de 22 ans, a été abattu par un commissaire de police parce qu'il refusait de baisser le drapeau algérien. Les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata ont été commis contre une population assoiffée de liberté qui est sortie fêter comme d’autres populations la fin de la Seconde Guerre mondiale et la victoire des Alliés sur les forces de l'Axe, mais aussi faire valoir leur droit à l’indépendance. La répression était telle que de nombreux corps ne pouvaient être enterrés. Ils ont été tout simplement jetés dans les gorges de Kherrata entre Béjaïa et Sétif. Les soldats de l’armée coloniale avaient recouru également aux fours à chaux pour faire disparaître de nombreux cadavres. Les manifestants ont écouté les témoignages de quelques survivants de ces événements dans un climat chargé d’émotion. Ils continuent leur marche pour que nul n’oublie cet épisode douloureux de notre histoire coloniale.
Rafik Meddour