Louisa Hanoune critique le remaniement ministériel et appelle à juger «tous les corrompus»
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, réaffirme son «plein engagement» contre la corruption, en continuant à dénoncer les malversations et les détournements des deniers publics à tous les niveaux. «L'Etat se doit, dans le contexte économique difficile actuel, de saisir tous les biens acquis au moyen de la corruption», a affirmé Mme Hanoune qui s’exprimait aujourd’hui à l’ouverture de la session ordinaire du bureau politique de son parti. Fidèle à sa ligne de conduite depuis plusieurs mois, Louisa Hanoune a vivement fustigé l'impunité dont bénéficient de hauts responsables, dont des ministres. Une impunité qui est, selon elle, synonyme de «complicité». Répondant aux critiques qui lui sont portées pour «une politique de deux poids, deux mesures» à l'égard de l'ex-ministre de la Culture Nadia Labidi, qu'elle a accusée de financer le film d'un particulier avec des fonds publics, Mme Hanoune a précisé que sa position procédait de son combat contre la corruption et la dilapidation des fonds publics. «Le PT ne fait pas d'amalgame entre différence d'opinion et lutte contre la corruption», s'est-elle défendue, assurant qu’elle est prête à aller jusqu’au bout de ce combat. «Toutes les personnes impliquées dans cette affaire doivent être jugées et rendre des comptes devant la justice», a-t-elle martelé, appelant ainsi les dirigeants du pays à «montrer aux Algériens qu'il ne s'agit pas d'une simple mise en scène». Mme Hanoune a indiqué avoir déjà saisi par écrit le président de l’Assemblée populaire nationale et le ministre de la Justice pour les informer de sa décision de renoncer à son immunité parlementaire afin qu’elle puisse affronter devant un tribunal Mme Labidi, qui a déposé une plainte pour diffamation contre elle. Elle a exhorté, en outre, le ministère public à exercer le droit de s'autosaisir de toutes les affaires soulevées par son parti dans son combat, à tous les niveaux, contre la corruption. Revenant sur le dernier remaniement ministériel, Mme Hanoune a dénoncé la bipolarité aux affaires étrangères. Elle voit ainsi d’un mauvais œil la nomination de deux ministres à la tête de la diplomatie algérienne. «Nous respectons les deux ministres aux compétences reconnues dans la diplomatie. Mais il y a là un sérieux problème de bipolarité qui risque de gripper notre appareil diplomatique très sollicité pour le règlement, notamment, des conflits dans la région», a-t-elle relevé non sans inquiétude. Louisa Hanoune parle bien évidemment de la promotion du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines à un ministère à part entière en charge du Maghreb, de l’Afrique et de la Coopération internationale. Un méga-ministère qui ferait assurément de l’ombre au ministère des Affaires étrangères. Aussi Louisa Hanoune dénonce-t-elle le limogeage de Youcef Yousfi, «homme intègre et honnête qui a su bien gérer son secteur et assumer ses responsabilités». Pour elle, ce remaniement ministériel obéit à des «calculs» qu’elle n’a pas encore compris. Elle affirme cependant continuer sur sa «ligne» de dénonciation des «ministres corrompus» qui, selon elle, «doivent d’être éjectés du gouvernement», sans pour autant les citer. Elle s'est élevée à nouveau contre l’«oligarchie» des «opérateurs qui convoitent, par tous les moyens, des postes politiques» et visent en concluant des marchés publics avec un nombre restreint de partenaires «à former des cercles de monopole comme ce fut le cas lors des années 1990». «Leurs appels à ouvrir, au privé, tous les secteurs, à l'exception de l'institution militaire, risquent de compromettre la survie de l'Etat», a-t-elle prévenu, rappelant ce qui s'est produit dans des pays d'Europe de l'Est et en Grèce. Pour Mme Hanoune, les appels de ces opérateurs à l'Etat pour qu'il reconsidère sa politique de soutien «sont similaires aux recommandations du FMI».
Fahim Amraoui