Document confidentiel : comment le renseignement militaire américain a impulsé Daech
La création de Daech en Syrie a été encouragée dès 2012 par les services secrets américains qui n’avaient qu’un objectif : la chute de Bachar Al-Assad, le président syrien. La confirmation de cette information mérite d’être soulignée quand elle vient d’un rapport de Defense Intelligence Agency (DIA, le renseignement militaire américain), qui fait partie de documents classés secret du département d'Etat et de la Défense et déclassifiés suite à une procédure judiciaire fédérale. Il ressort de ce rapport classé «secret//noforn», daté du 12 août 2012, que pour faire tomber un «dictateur», comme ils le prétendent, les services américains ont ainsi préféré faire émerger des égorgeurs. En effet, ce rapport que vient de publier un organisme américain conservateur de surveillance, l’observatoire «Judicial Watch», révèle qu’en 2012, la DIA savait que des groupes terroristes voulaient créer un «Etat islamique» dans l'est de la Syrie, qu’elle le voyait comme «une arme efficace» pour faire tomber Bachar Al-Assad, considéré comme le principal obstacle aux intérêts des Etats-Unis et d’autres pays occidentaux au Moyen-Orient. Alors, les services américains ont laissé faire. Pire que cette attitude irresponsable, les Etats-Unis ont livré des armes et de l'argent aux groupes terroristes sous prétexte qu’ils constituent l’opposition armée au gouvernement syrien, mais sachant parfaitement que leur aide allait tomber aux mains de Daech. La suite de cette histoire, les peuples de la région la vivent aujourd’hui de la façon la plus dramatique. Les médias au service de la propagande occidentale, qui n’est pas à un mensonge près, ont tout fait pour accréditer l’idée que Daech est une création de la Syrie de Bachar Al-Assad. Avant de proclamer un pseudo-califat islamique sur des territoires irakiens et syriens qu’ils occupent, les groupes terroristes qui constituent Daech ont montré toute leur cruauté contre la population syrienne, rivalisant de sauvagerie avec les autres groupes islamistes. Les révélations apportées par la publication des documents secrets de l’administration américaine, déclassifiés, montrent le degré de cynisme atteint par la politique internationale menée par le département d’Etat qui, en parfaite connaissance de cause, utilise comme atout une organisation terroriste et fait croire qu’il la combat. En septembre 2014, Theresa May, secrétaire d'Etat à l'Intérieur du Royaume-Uni, déclarait sa hantise de voir Daech avoir accès non seulement à l'arme chimique ou biologique, mais aussi et surtout l’arme nucléaire en tirant profit de ses réseaux au Pakistan. Ce groupe terroriste a laissé entendre récemment qu’il pouvait se procurer une ogive nucléaire à partir du Pakistan à travers sa filiale locale. Pour donner plus de poids à cette menace, un concept a été introduit dans le jargon médiatique, celui de «bombe sale» qui peut être fabriquée avec des déchets radioactifs. C’est ce que compte faire Daech, nous dit-on. Les spécialistes occidentaux se sont mis à spéculer sur cette nouvelle peur qui commence à planer sur leurs pays créée par le risque d’une attaque nucléaire locale que commettrait Daech si la possibilité que ce groupe terroriste acquière cette arme se réalise. En fait, aucune contrée ne serait épargnée même si les Etats-Unis semblent être placés en tête de liste parmi les cibles. En jouant avec le feu, les dirigeants des pays occidentaux pensaient-ils vraiment qu’ils étaient à l’abri d’un retour de flamme destructeur ? Sont-ils réellement convaincus que le terrorisme est un fléau qui ne connaît pas de frontières et qu’il n’est plus limité à une région donnée, la nôtre en l’occurrence ? Pour en savoir plus, il faudra attendre qu’un lanceur d’alerte, sorti des bureaux de l’administration américaine elle-même, fasse de nouvelles révélations.
Houari Achouri