Dialogue interlibyen à Alger : la réunion de la dernière chance
Toutes les parties libyennes en conflit ont été regroupées, aujourd’hui à Alger, pour un nouveau round de négociations pour une solution politique à la crise qui secoue leur pays depuis la chute, en novembre 2011, du gouvernement de Mouammar Kadhafi. Des chefs de parti, des leaders, des chefs miliciens et des activistes influents se sont mis autour de la table des négociations sous l'égide des Nations unies. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, en présence de l'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, Bernardino Leone. Cette nouvelle rencontre, troisième du genre, vise à pousser les différents acteurs de la crise libyenne à parvenir à une solution à la crise politique et sécuritaire dans ce pays, aggravée par l'existence de deux gouvernements et de deux Parlements se disputant le pouvoir. Pour le représentant de l’ONU, la réunion d’Alger peut être la dernière chance pour la Libye afin d'instaurer un gouvernement d'union nationale, affirmant que le peuple libyen veut un accord entre les différentes parties prenantes du conflit qui refléterait leurs aspirations. Car les Libyens ont compris qu’ils ne peuvent plus se permettre de vivre dans la division dans un contexte interne explosif, marqué par la situation économique qui se dégrade, la menace terroriste grandissante et la discorde politique entre les deux gouvernements en Libye. «On ne peut plus continuer avec les échanges d'accusations entre Fajr Libya et le gouvernement de Tobrouk, c'est pourquoi il faut trouver un accord, et cela est le message principal de cette rencontre d'Alger», a encore relevé le représentant des Nations unies. Par sa position «immuable», l’Algérie tente d’«aider les frères libyens, toutes obédiences confondues, à aller vers un dialogue rassembleur et inclusif, à l'exception des groupes terroristes reconnus en tant que tels par l'ONU». «La sécurité de la Libye est également celle de l'Algérie», a martelé Abdelkader Messahel. L’Algérie œuvre ainsi à rassembler les différentes parties libyennes pour les convaincre de signer un accord de paix qui permettra ensuite de prendre en charge sérieusement les questions sécuritaires et combattre réellement le terrorisme en Libye et dans la région nord-africaine. Le 27 mai dernier à Rome, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a pressé la communauté internationale à trouver une solution politique rapide à la crise libyenne qui constitue une menace directe pour la stabilité de toute la région. «Le temps est compté en Libye pour parvenir à une solution politique avant octobre», a-t-il insisté lors d'une conférence de presse à l'issue d'une rencontre avec le président du Conseil italien, Matteo Renzi. Sellal a prévenu quant aux conséquences d’absence d’un accord politique entre toutes les parties. Il estime que les groupes terroristes profitent de l’impasse et finiront par créer un abcès de fixation. «La démarche est simple et consiste à aboutir à une solution politique inclusive, qui ne rejette aucune partie et préserve l'unité de la Libye», a encore expliqué Sellal, selon lequel cette solution doit permettre la formation d'un «gouvernement d'union nationale qui gérera la transition, qui mettra en place une Constitution et des élections libres». Pour le Premier ministre, «le terrorisme peut se vaincre par la force, mais il a aussi besoin d’opérations de réconciliation pour l’éradiquer». L’Algérie collabore étroitement avec l’Italie et l’Egypte pour faire réussir le dialogue interlibyen.
Fahim Amraoui